Terry Gilliam est un génie modeste. Lorsqu'il entre dans la salle pour présenter son nouveau film, sous un tonnerre d'applaudissements, face à des centaines de spectateurs dressés et exultants, il fait mine d'aller se cacher derrière l'écran. Pour rire bien sûr. Après quelques pas de danse délirants, il parle enfin du film, précisant ironiquement qu'il l'avait tourné pour les téléphones mobiles et non pour le ciné : il accompagne la boutade d'un geste théâtral, en plaquant son téléphone sur le gigantesque écran. Et il quitte la salle sous un nouveau tonnerre de joie et d'admiration, après un hommage ému et fraternel au regretté Heath Ledger, à qui le film est dédié.

Un hommage pleinement mérité. Une dernière performance vibrante, qui hisse une large partie du film vers les sommets du cinéma fantastique. Les prestations fugaces mais saisissantes de Johnny Depp, Jude Law et Colin Farrell sont elles-mêmes un bel hommage à l'artiste disparu, touchant de sincérité et de respect. Côté scénario, on est sidéré par le caractère imprévisible de l'intrigue, sa dimension poétique et chaotique, qui emporte très loin, très haut dans les sphères d'une imagination sans limites. Visuellement, le film de Gilliam est une véritable claque ! La beauté des images, leur gigantisme, leur folie, le résultat à l'écran est impressionnant, fascinant, merveilleux. On retombe en enfance, dans l'enfance oubliée du cinéma, dans les mondes lointains mais toujours vivants des premiers magiciens du 7ème art. Derrière l'histoire du Docteur Parnassus, il y a plus qu'une déclaration d'amour au cinéma, il y a le chant éperdu d'un poète moderne dédié aux voix d'un passé enchanteur. Gilliam revitalise à chaque instant les pans entiers d'un art primitif, à sa manière, avec émerveillement et extravagance. Le spectacle est grisant, comme le plus fou, le plus intense des rêves.

On retrouve avec bonheur la virtuosité et le délire de Brazil, l'angoisse et la noirceur de L'Armée des 12 Singes, mais L'Imaginarium s'invente une vie propre, originale, inédite, toujours surprenante. Le Docteur Parnassus, avant de livrer son âme au Diable, est persuadé que l'univers est tout entier soutenu par une histoire contée en permanence. Un monde sans histoire et ce serait la mort, le néant. Gilliam réinvente l'histoire sans fin, comme pour se rassurer, mais surtout pour nous rassurer nous, enfants de la peur, pour que nous restions toujours rêveurs...
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Mes Blu-Ray et Putain ce plan déboîte ! Quadruple baffe esthétique dans la tronche !

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le 6 août 2010

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