Véritable bide à sa sortie, « L’Impossible Monsieur Bébé » divise encore aujourd’hui les spectateurs, et pour cause : son humour particulier ne plaît pas à tout le monde. Assez bizarrement, soit on est conquis par ce film, soit on lui est totalement indifférent, voire on le rejette vigoureusement. Pour ma part, je fais partie des gens pleinement charmés par ce long métrage délicieusement absurde et facétieux. Rares sont les films comiques à traverser le temps, l’humour étant souvent très contextualisé, affaire d’une culture et d’une époque bien particulières. Mais je trouve que celui-ci a de très beaux restes et confine à l’universel, j’en veux pour preuve son efficacité toujours aussi redoutable en cette année 2017, près de 80 ans après sa sortie ! C’est bien simple, à partir du moment de la robe déchirée, je ne me suis quasiment pas arrêté de rire jusqu’à ce que le film s’achève. On assiste à un véritable festival de gags, mélange de slapstick et de screwball comedy du meilleur goût. Le couple de personnages principaux y est pour beaucoup : Cary Grant en scientifique naïf et maladroit est irrésistible, et Katherine Hepburn en gaffeuse monumentale est inoubliable et génialement horripilante, à mon sens dans l’un de ses tous meilleurs rôles. Pourtant, ce long métrage sera un tel échec qu’elle devra retourner faire du théâtre pour un moment, le temps de se refaire une crédibilité… Dommage que le film n’ait pas trouvé son public à sa sortie, car l’humour y est très fin, avec un sens du comique très élaboré, les gags s’étalant souvent sur plusieurs minutes, dans un engrenage qui mène progressivement à la chute et à l’éclat de rire. Il ne s’agit pas d’un comique facile, pour autant il est tellement évident et arrive de façon tellement naturelle malgré l’improbabilité des évènements qu’il frappe juste et s’avère terriblement contagieux. Regarder ce film à plusieurs est d’autant plus réjouissant ! Surtout que la galerie de personnages secondaires est tout aussi appréciable que le couple de protagonistes principaux. J’ai notamment un coup de cœur pour le personnage du major Applegate, au centre d’une séquence proprement hilarante (à mon sens), que je revois toujours avec le même plaisir. Et c’est peu dire que des séquences d’anthologie, il y en a ! En bref, un immense film comique, mais pour l’apprécier, il faut dépasser les premières minutes d’exposition, tout à fait quelconques mais qui permettent de poser les fondations des ressorts comiques du long métrage. Une fois passé ce moment, dès que le long métrage démarre vraiment, je gage que vous passerez un excellent moment, en tout cas c’est tout le bien que je vous souhaite !
Critique à retrouver sur mon blog ici.