De manière étrange, L'imprécateur est un film totalement invisible, peu diffusé à la télévision, et qui n'a pas eu de sortie en dvd. Pourtant, si on peut le voir, le jeu en vaut la chandelle.
Après la mort accidentelle d'un cadre dans un accident de voiture, le siège d'une société, Rosserys & Mitchell, reçoit des lettres de menaces d'un imprécateur, et qui se veulent de plus en plus violentes. C'est à ce même moment qu'on s'aperçoit que les fondations de l'immeuble (la tour Montparnasse) commencent à se fissurer, craignant pour la sécurité des employés. Les dirigeants vont se mettre en tête de trouver ce corbeau...
La première chose qui frappe, c'est son incroyable casting, avec pas moins que Michel Piccoli, Jean Yanne, Jean-Pierre Marielle, Jean-Claude Brialy, Michael Londsdale et Marlène Jobert : n'en jetez plus ! Excepté cette dernière, qui a un rôle secondaire, tous marchent du feu de Dieu. D'ailleurs, vu que l'entreprise citée est américaine, on trouve aussi quelques acteurs du cru, comme Robert Webber et Charles Cioffi, ce qui vaut des scènes souvent cocasses où les acteurs français parlent en anglais. Pour Michel Piccoli et Londsale, aucun souci, mais pour Jean Yanne, c'est à peine s'il prononce quelques mots ; d'ailleurs, sa seule longue tirade en anglais sera doublée !
En-dehors de ça, le film est passionnant, constamment juste dans la description d'une société prise au piège par un ennemi invisible sur la base de rumeurs, de menaces, et qui serait encore actuel avec ce qui se passe sur Internet. Il y a aussi un travail admirable sur la photo signée Andreas Winding, où les costumes sont tous sombres, et où les acteurs sont filmés de loin, comme pour circonscrire toute éventuelle menace.
Jusqu'à une dernière partie dite souterraine qui m'a moins convaincu, qui sonnera comme un règlement de compte, mais il n'empêche que L'imprécateur est un film très fort sur les ravages de menaces anonymes, et les déflagrations où tout le monde se regarde en chiens de faïence.