L'Inconnu du lac par L'Ami Ricofruit
À première vue, on croirait presque regarder du gay porn filmé par Terrence Malick. A priori tout pour plaire, donc, même si les dernières minutes du film façon slasher et les thèmes un peu tarte-à-la-crème abordés par Guiraudie laissent de prime abord un peu perplexe — Eros et Thanatos, vieux refrain. Reconnaissons tout de même à L'Inconnu du lac le mérite de ne pas se vautrer dans le dolorisme un peu glauque. On n'est pas chez Patrice Chéreau, c'est déjà ça de pris. Au contraire, le film étonne par son atmosphère très solaire et champêtre, et par la précision très chorégraphique de la réalisation et du montage qui répètent ad nauseam le même cycle immuable : arrivée dans le parking, traversée des sous-bois, arrivée sur la plage, la tête des autres hommes qui se relève plus ou moins discrètement pour vérifier la marchandise, la drague et le sexe dans les fourrés, retour vers le parking dès la nuit tombée.
Le regard que porte Guiraudie sur cette petit cérémonial de la baise est plutôt bienveillant. Mais pas totalement dupe : l'ambiance plutôt conviviale (et un peu surréaliste) des relations entre les hommes de cette petite communauté masque un désir de jouissance auto-destructeur et une absence totale d'empathie : ici, comme ailleurs, on baise et on meurt dans la plus complète indifférence.