Ce qui m’a motivé à aller voir ce biopic sur le Facteur Cheval, c’était de mieux connaître l’homme avant son œuvre.C’est précisément là que le film est estimable puisqu’il permet de rencontrer la psychologie de Cheval.Soit un homme solitaire, renfermé mais réellement bon, curieux et surprenant. Les premières scènes brutales montrent comment Cheval dut enterrer sa première femme et laisser partir un fils né de cette première union ( suite à la volonté indiscutable de son père).Un événement permettant de cerner comment est vu le facteur dans sa famille et qui le destine quelque part à ne plus se laisser conter sa vie et à ne plus se faire marcher sur les pieds. Cette position « qui m’aime me suive » à priori déroutante est finalement trés réfléchie.Et grâce à l’amour inconditionnel de sa deuxième femme et de sa fille, Cheval s’ouvrira au monde et aux hommes.Nils Tavernier, en montrant le facteur pas seulement comme un obstiné irréaliste, veut qu’on le comprenne au delà de ses postures et de ses choix.Une trés bonne tonalité ne devant pas faire oublier les caprices du destin ( la maladie emportant vite et souvent jeune au début du vingtième siècle et privant tour à tour Cheval des siens).Ce qui bouleverse, c’est qu’au-delà d’une vie de labeur et trés modeste, le facteur a osé se donner un but pour se sentir exister et vibrer. Au niveau interprétation, le casting est impeccable. Jacques Gamblin endosse un rôle difficile, délicat où il doit faire jaillir les moments de grâce du facteur atypique.Laetitia Casta doit jouer sur la patience et le sacrifice de Philomène devant plier certes parfois mais ne pas faillir .Elle s’en tire trés bien sûr une interprétation qui la vieillit énormément sur le long cours.Nous ne pouvons évidemment pas manquer de rendre hommage au directeur de la photographie rendant justice aux paysages de la Drôme et à leur beauté.Exigent, âpre,l’incroyable histoire du facteur Cheval explore avec brio plusieurs destinées et les observe à la lumière du temps qui passe.Obispo dit que « le temps, c’est de l’amour » et Nils Tavernier transmet cette idée dans son film malgré les drames et les petites victoires sur le sort. C’est une grande leçon sur la façon de donner du sens à nos vies entre rires et larmes.

Specliseur
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Les grands espaces, Un film en 2019 et Les meilleurs films de 2019

Créée

le 17 janv. 2019

Critique lue 303 fois

1 j'aime

Specliseur

Écrit par

Critique lue 303 fois

1

D'autres avis sur L'Incroyable Histoire du facteur Cheval

L'Incroyable Histoire du facteur Cheval
Ghislain_B
10

"- A quoi vous revez pendant que vous marchez ?"

Comment commencer cette critique ? (1300e Film vu !!!) Un grand film Français, comme on sait en faire en France. Un Biopic d'une belle grandeur d'âme. La Drôme est sublimée par la caméra de Nils...

le 2 févr. 2019

25 j'aime

10

L'Incroyable Histoire du facteur Cheval
Caine78
5

Incroyable histoire, film beaucoup moins

Doté d'une excellente réputation comme documentariste, j'avoue être moins convaincu par Nils Tavernier cinéaste. Raconter cette « incroyable histoire » de la façon la plus classique qui...

le 2 févr. 2019

18 j'aime

3

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

26 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime