"Chéri, il y a un psychopathe dans le grenier."

Faux home invasion et vrai thriller de 1989 (qui tient étonnamment l'épreuve du temps), Hider in the house raconte l'intrusion d'abord domestique puis psychologique du traumatisé Tom Sykes (Gary Busey à son meilleur) dans une grande demeure familiale.
Une mise en scène efficace et discrète aux travellings élégants et insidieux, un score musical superbe du futur grand Christopher Young, hanté par d'évanescents chœurs d'enfants et des cordes tendues à souhait ( du haut de gamme pour ce type de programme), dialogues et casting solides... Hider in the house surprend agréablement, dépassant sa facture de petit thriller fonctionnel pour ménagères (quid du passé familial de l’indésirable astucieusement résumé au générique). Refusant les scènes de violence mécaniques et d'outrance de jeux faciles, le récit prend son temps sans ennuyer, fait résonner notre enfance à travers les peurs primales (le monstre caché dans le placard) comme les symboles rassurants (l'ange protecteur, l'ami imaginaire, l'oncle cool, la cabane dans le grenier...) et évite le manichéisme grâce à la caractérisation nuancée de son personnage principal.
Parlons-en justement.
Vraie gueule de cinéma ayant fait ses premières armes avec Michael Cimino, John Milius et Robert Altman, le balèze Gary Busey, qui a le 1er rôle ici, crève encore l'écran en pyromane parricide repenti et tient presque le film à lui seul... faisant quasi éclipser les invraisemblances de certaines situations (3 morts au compteur, rires et bruits à l'étage, voisinage aveugle, la petite fille qui rencontre dés le 1er soir l'intrus qui continue tranquillement son squat toute la semaine dans le grenier avec cloison refaite... mais RAS pour les proprios). Et côté VF, la voix virile et touchante de Michel Vigné (Vinnie Teranova, Nick Nolte, Patrick Swayze, Michael Madsen, Seagal..) colle toujours bien à Busey.
Avec Curtis Hanson ou Alan J.Pakula, cela aurait pu donner un très bon thriller sur grand écran mais le discret Matthew Patrick s'en sort honorablement avec une direction maîtrisée.
La vraie force du script comme du réalisateur est justement de nous lier malgré nous au psychopathe en mal d'affection qui, à l'image du monstre de Frankenstein, émeut notre empathie par sa tendresse protectrice, sa candeur décalée et son passé tragique. Et ce, jusqu'à la fin, en dépit des meurtres qu'il enchaîne dès le premier obstacle à son bonheur familial fantasmé. Son passage progressif de l'enfant-adulte cherchant un refuge à l'abri de ses traumatismes au mari imaginaire est d'ailleurs bien amené. Car plus Tom Sykes reçoit ou croit recevoir de l'estime et de l'affection, plus sa violence à fleur de peau resurgit. Et son interprète au jeu ici sobre et précis cf ses tics (tapes répétées sur les jambes, mains sur les oreilles, sourire béat, brusque changement quasi robotique des expression heureux/tristes...) rend tout à fait crédible l'expression du conflit intérieur.
Faut dire que le sorti d'asile a du goût et tape haut pour sa première conquête : la 1ere ex à Tom Cruise Mimi Rogers, toujours aussi mimi en délicate mère de famille, esseulée par un Michael McKean volage au bord du burn-out (faut bien la payer la baraque à 2 millions). En conquérant avec brio les enfants, la meilleur amie puis la solitude de la belle trompée, le grand paria détalant maladroitement sur le toit tel Quasimodo prend vite du galon auprès de son Esmeralda CSP++ en brushing. Leur relation frôle d'ailleurs le champ des possibles, ce qui excite encore davantage l'incongruité de la situation... pour le plus grand plaisir de notre masochisme voyeur.
Vas-y Gary, fais-toi plaiz.

theroad
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le 17 sept. 2020

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