Louis Delluc est aujourd'hui plus connu pour le prix qui porte son nom que pour ses films, ce qui est un peu dommage car pour qu'un prix porte son nom : il y a des raisons. "L'inondation" est l'une d'entre elles.
L'intrigue n'est pas extraordinaire mais Louis Delluc a du génie et ça change tout.
Il sait filmer et bien, c’est surtout les inondations – réelles – qu’il sait filmer, ayant mis sa caméra même sur une barque. L’inondation du village fait écho évidemment aux inondations des sentiments des personnages. Outre Germaine, il y a Alban qui est sur le point d’exploser, s’emportant devant de sa femme qu’il jure de tuer devant tout le monde, alors que celle-ci est pris d’un énorme fou rire. Le seul qui retient ses sentiments, c’est le père de Germaine, qui veille, impuissant sur sa fille.
Le film, malgré une allure de conte, est assez éprouvant : la folie de Germaine et aussi celle de la femme d’Alban semblent authentiques : le casting est d’ailleurs assez extraordinaire, fort bien dirigé. Le casting est aussi bluffant parce que c’est Edmond von Daële qui joue le père de Germaine : je l’ai déjà vu dans « Cœur fidèle » où il jouait petit Paul : le maquillage est vraiment excellent, le vieillissant d’une vingtaine d’années.
Plutôt court (à peine 78 minutes), le film se suit assez bien, ça tire sur la corde bien sur et le final est assez terrible mais profondément libérateur.
C’est un très beau film, pas un chef d’œuvre, mais entre la description aigu de personnages ayant des façons radicalement différentes d’exprimer leurs sentiments, la métaphore avec l’inondation du village où ils résident et la façon dont l’inondation est filmée, plus la qualité de l’interprétation, c’est vraiment pas mal. Et puis il y a un regard terrible et réaliste sur les rumeurs et commérages d’un petit village.