"S'il y a une explication à cette exhibition surprenante, nous sommes tout disposés à vous entendre", interroge un Fred Astaire hilare en fin de film.
Une explication ? Oui, il y en a une !
On peut la chercher du côté de la parodie policière, du pastiche hitchcockien. Mais mieux encore, on peut la trouver en cherchant à définir, à qualifier cet agréable petit film aux grosses vedettes.
L'Inquiétante dame en noir est un mélange subtil de vaudeville et de polar noir, un vaudeville policier, en somme.
S'il apparaît parfois comme une parodie des Diaboliques de Clouzot ou un pastiche parfois cabot de Sueurs froides d'Hithcock, toujours il s'ingénie expérimentalement à faire se rencontrer, à faire fusionner vaudeville et polar.
Pour le meilleur: l'"amant" se cache dans le placard moins pour échapper au mari jaloux que pour échapper à la belle qu'il soupçonne d'être une mante religieuse. Le lieu commun comique du placard vaudevillesque devient une scène à suspens presque inquiétante, fusionnant avec le lieu commun de la proie qui se terre dans un lieu domestique devenu terrain de chasse pour échapper à son prédateur.
Pour le pire: l'héroïne refuse de se disculper au tribunal craignant certains à-côtés grotesques. Fusion cette fois du témoin menacé et du témoignage de vaudeville qui ne peut se faire du fait de la bêtise ou de la gêne déplacée du témoin. Là, le mélange laisse un peu perplexe ...
Mais la sauce prend dans cette habile recette, rendant la comédie et le polar aussi savoureux l'un que l'autre.
Servie par une reine du polar à la Hitchie, l'éponyme Kim Novak (Sueurs froides), sur canapé de Labiche accompagné d'un grand comique devant l'Éternel, Jack Lemmon (Certains l'aiment chaud) sur salade d'un danseur bien figé quoique amusé, j'ai nommé Fred Astaire (Drôle de frimousse), L'Inquiétante dame en noir a autant de quoi intriguer, de quoi amuser, que de quoi séduire.