Vu que l'on nage dans une intrigue mêlant faux coupables, rebondissements inattendus, soupçons ou encore femme blonde et fatale, on pourrait croire que l'on est devant le cinéma d'Hitchcock (un peu de Soupçons, une pincée de Fenêtre sur cours ou encore une petite touche de Notorious) avec L'Inquiétante dame en noir.
Heureusement, Richard Quine ne tombe jamais dans le pastiche ou le plagiat et il s'éloigne considérablement du maître du suspense en mettant en scène cette rencontre entre un américain et une anglaise soupçonnée du meurtre de son mari. Oscillant entre une ambiance qui sait se faire parfois mystérieuse et grave ou au contraire plus légère voire romantique, il alterne entre plusieurs tons et fait preuve d'une simple mais belle maîtrise derrière la caméra.
Il ne nous laisse guère de répit, les rebondissements sont nombreux, sans jamais que cela devienne lourd, et il met peu à peu en place son puzzle totalement imprévisible et souvent savoureux. L'histoire est originale, intéressante et plaisante à suivre, tout comme les personnages à l'image du diplomate qui va se retrouver au milieu de cette intrigue un peu par hasard tombant finalement sous le charme de sa très ravissante logeuse (et c'est fort compréhensible).
Alors que l'on nage en pleine atmosphère mêlant soupçon et mystère, Quine ne manque ni d'humour, ni de romantisme mais sans jamais que cela ne prenne le pas sur l'intrigue policière, le dosage est très bon. La photographie en noir et blanc est aussi de qualité mais l'autre grande réussite du film tient sur les épaules de ses interprètes. Jack Lemmon est à nouveau renversant dans un rôle de romantique et de Mr tout le monde se retrouvant dans une situation bien compliquée tandis que face à lui, Kim Novak est aussi séduisante et charmante que talentueuse, c'est dire...
Entre influence Hitchcockienne et touche burlesque et romantique, Richard Quine propose avec L'Inquiétante dame en noir une très agréable comédie policière, ne nous laissant guère de répit et servie par d'excellents comédiens.