Tout passe, rien ne dure et la vie défile vite dans ce film fleuve de près de 3 heures. Porté par un casting qui crêve l’écran (notamment Juliette Binoche, sublime, en route pour une carrière internationale), ce classique du cinéma des années 80 joue sur l’éternel dangerosité du triangle amoureux.
Intuitif mais complexe, le récit de Kaufman restitue avec finesse la complexité des attachements et des (dés)engagements. Loin de l’idéal romantique, l’amour est ici maladroit, intense, violent et irréversible. Le coup de foudre de Tomas et Sabina peut même sembler ridicule, quand dans un élan insensé, leurs corps cèdent à la pression et s’abandonnent à l’autre. Une union chaotique qui renverse tout sur son passage, des vêtements arrachés aux meubles... Au diable les préliminaires.
Les corps à corps sont vibrants de plaisir, d’émotion, et de souffrance aussi, surtout quand vient retentir l’heure du départ. Dans L’insoutenable légereté de l’être , la déchirure est synonyme d’abandon. Abandon de la première fois (Tereza), mais aussi reddition (face aux Russes), et expatriation (en Suisse).
De leurs sourires gorgés de larmes et de leurs regards baignés d’incertitude, Kaufman tire une fresque intemporelle sur la fureur et la douleur d’être au monde. Un classique.