Quel plaisir de se replonger, 30 ans après une première vision (le film en a lui-même 40...) dans la genèse des films de flics réacs et brutaux, de ceux pour qui le scénario justifie forcément torture, haine et règlement de compte perso, le père de tous les Martin Riggs, John McClane et Jack Bauer de la planète Hollywood.
Comment vieilli un tel monument du film de genre ? Comment notre conscience, mûrie et patinée par la vie, la vraie, façonnée par notre éveil aux choses politiques, instruite par la justice, le droit, allait réagir à un tel brûlot réactionnaire et primitif ?
Et bien, donc ?
Le verdict votre honneur ?
Et bien c'est tout simplement jouissif.
C'est poisseux, c'est sanglant, c'est cul, c'est crade, c'est visuellement superbe (ces premiers plans de Frisco, lors du meurtre d'ouverture mazette !), c'est auditivement classieux (Lalo Schifrin dans toute sa splendeur), c'est spectaculairement osé (scènes de peep-show, de voyeurisme nocturne, du cadavre de l'ado sortie de son égout, ) et c'est dans son ensemble quasi parfait.
Et quel putain de témoignage (au moins visuel) sur une époque déjà si lointaine !
Alors, il s'agit pour conclure de se demander si ce genre de film en général (et celui-ci, si réussi en particulier) aiguise les bas-instincts populaires ou si au contraire il les soulage par le biais de l'oeuvre d'art ? (n'a t-on pas condamné le hard-rock, en son temps, de pousser les jeunes au suicide ou aux meurtres, puis les jeux de rôles, puis les jeux vidéos, puis...)
Je fais partie de cette deuxième catégorie, pour qui le deuxième degré est une dimension salutaire. Grâce à quoi, et à l'issue d'une telle séance, je peux me sentir encore plus résolus dans mes principes fondamentaux et "droits-de-l'hommistes".
Que ce fût bon.
Sans rancune, Dirty ;o)
PS: je ne mets pas plus que 7, parce que le méchant, outre des motivations perso un poil nébuleuses, est quand même un peu con.