Le projet était séduisant : livrer, dans un documentaire accessible au grand public, les résultats des dernières recherches scientifiques sur la vie des arbres et, plus largement, des plantes.
En résulte un long-métrage construit en deux volets : une première partie, intitulée « Les Trésors cachés des plantes », de Jan Roeloffs, et dans laquelle des chercheurs français ou francophones sont interviewés, face caméra, au cœur d’une forêt ou dans un intérieur saturé de plantes. Quelques dessins illustrent parfois leurs propos. Car l’information est dense, touffue, passionnante, surprenante autant que peut l’être la nature, avec sa créativité débridée. Animé par un souci très pédagogique, le réalisateur veille à ce que l’attention du spectateur, bon petit élève, ne se disperse pas...
La seconde partie, de Guido Tölke et Julia Dordel, donne son titre à l’ensemble du film et se fait plus lyrique. La musique, symphonique, en fond plus ou moins présent et presque constant, s’élance dans de grandes envolées conquérantes, comme dans les épopées grand public ; chant de victoire qui n’a rien de végétal, et alors même que l’un des chercheurs nous a rappelé que, dans le monde des plantes, la vitesse est toujours suspecte, éloignée de toute solidité ou longévité. L’image se fait plus technologique, superposant aux vues forestières diverses animations colorées, supposées explicatives. Les scientifiques, de différents continents, mêlent à leurs informations un discours qui aborde les grandes forêts sur un mode anthropomorphe : les « arbres-mères », leur « famille », leurs « petits », les « grands frères »... Une intentionnalité est prêtée aux arbres, à grand renfort de « solidarité, entraide, protection, accompagnement », à la différence du premier discours, qui s’en tenait davantage à une chimie...
Effet regrettable : un enthousiasme si contraignant et, au bout du compte, si peu respectueux de la nature simplement végétale de son objet, finit par provoquer chez le spectateur-escargot un certain retrait...