L'Intendant Sansho par Alligator
Déception. Après l'admirable Rue de la honte, je découvre un Mizoguchi à fort belle allure. Les plans sont magnifiques. Les paysages, les lumières sont même certainement beaucoup plus féériques que ceux de l'urbaine Rue de la honte.
Non, ce qui retient tristement mon attention c'est le jeu des comédiens que je jugerais volontiers moyen, dans les aigus, avec un effort constant pour aiguiser les comportements, un jeu saillant plus qu'ampoulé ou déclamatoire.
Ce que je jugerais encore plus volontiers méchamment c'est un élément qu'on retrouve déjà dans la rue de la honte, cette insistance chez Mizoguchi pour la prononciation du malheur. Une sollicitation un peu trop fatigante à la longue quand le message est déjà passé, le scénario en remet une couche et me lasse : arrivé à l'heure de jeu, j'ai senti les premières crampes me lacérer les muscles oculaires, notamment quand la mère commence à devenir folle au sommet de la falaise, les cheveux au vent mauvais de l'ile de Sado (elle porte bien son nom). On le savait déjà mais elle chante encore sa souffrance pendant que je continue de taire la mienne. Certes la tragédie familiale à laquelle on nous invite participe d'un jeu dramatique avec ses conventions émotionnelles et tout et tout, certes, n'empêche, ça finit par m'emmerder.
N'empêche encore que le film contient son lot de jolis/forts moments. Je retiendrais cette fois avec bonheur un véritable petit bijou de mise en scène, celle de l'enlèvement : un montage de maître, un jeu efficace, des cadrages et des plans hallucinants. Une scène somptueuse!