Sorti à peine deux ans avant La Nuit des morts-vivants de Romero, voilà un des tous derniers films de zombies "classiques". Ici le zombie est encore un cadavre réanimé par la magie d'un prêtre vaudou, et intégralement soumis à la volonté de celui-ci.
On a donc un petit village de Cornouailles tombé sous la coupe d'un mystérieux prêtre vaudou présenté dans une scène d'introduction saisissante, qui utilise des zombies pour quelque tâche que je me garderai de révéler ici. Quand je dis "mystérieux" il faut relativiser, car le spectateur est informé de l'identité du magicien très tôt dans le film, et bien avant les protagonistes eux-mêmes, ce qui est toujours un peu dommage dans ce genre de film.
De toute façon, l'atout du film ce n'est clairement pas son scénario : très prévisible et convenu, il est surtout un prétexte à la mise en place d'une ambiance lugubre des plus réussies. On peut quand même préciser que, si le scénario reste plan-plan, le rythme de l'histoire et le crescendo de l'action sont très bien rendus à l'écran.
Par des cadrages audacieux, une direction d'acteurs efficace, une photographie délavée mêlée à des couleurs très prononcées, John Gilling parvient à créer une ambiance mémorable et délicieusement sinistre. Les décors en eux-mêmes restent très traditionnels (avec tout de même une mention pour celui de la mine, gothique à souhait), mais leur façon d'être filmée crée le malaise. Par l'utilisation d'artifices simples mais efficaces (éclairages parcimonieux, volutes de fumée, effets sonores et musicaux), tous ces décors sont magnifiés au maximum de leur potentiel.
Les maquillages des zombies, qui n'ont vraiment rien à envier à tous les Walking Dead et consorts (à part l'un d'eux qui porte un masque inexplicablement voyant dans la dernière scène, à côté de tous les autres maquillés), sont parfaitement utilisés, entre autres dans la scène mythique du cauchemar, où ce brave Peter voit tous les morts sortir de terre pour s'en prendre à lui. On connait l'influence que cette scène a eue sur Romero et tout ce qui s'en suit...
Les différents costumes et masques de cérémonie, et tout ce qui a trait à l'attirail vaudou en général, sont très bien rendus et suffisamment exotiques et convaincants pour foutre les jetons.
J'ai bien aimé le fait que le personnage principal soit un sénior, sans que ça ait une quelconque influence sur le déroulement de l'histoire. Qu’elle était douce l’époque où il n’était pas nécessaire d’embaucher Harry Potter pour jouer les chasseurs de monstres... André Morell porte très bien le personnage, avec tout le flegme, la classe et le soupçon de dédain qu'on attend d'un sir londonien débarqué dans la cambrousse cornique. Diane Clare, avec ses faux airs de Miou-Miou, campe une Sylvia Forbes solide, mais malheureusement trop peu présente à l'écran. J'ai beaucoup aimé la scène où son personnage tient tête au châtelain après s'être quasiment fait violer par une demi-douzaine de chasseurs... Elle en a dans le froc la petite ! Le reste du casting, sans briller par son exceptionnel talent, remplit tout à fait le contrat, pour nous livrer une galerie de personnages assez convaincants.
Le film est très intéressant en ce qu'il permet de se souvenir que les zombies au ciné n'ont pas toujours été des bouffeurs de cervelle se baladant au hasard. Ce n'est cependant pas son seul atout, et si on ne s'attend pas à un formidable chef d'œuvre d'écriture horrifique, on pourra aisément passer un très bon moment en compagnie de ces morts bien vivants.