En dépit de sa notoriété et son statut, Tobe Hooper n'a pas eu une carrière très mirobolante. N'ayant réalisé, au bas mot, que trois ou quatre bons films, le metteur en scène s'est vu proposer des projets pas vraiment dans ses cordes, lui qui s'épanouissait dans des ambiances particulièrement craspec, les studios pensant qu'il ait vraiment réalisé un chef-d'œuvre comme Poltergeist par ses propres moyens (alors que Spielberg a quasiment monté le film de A à Z). Jamais à l'aise avec les effets spéciaux, constamment en retard sur son temps, incapable de gérer un réel petit blockbuster moderne, Hooper a maintes fois prouvé qu'il était plus un yes-man sans réel talent approprié qu'un maître de l'horreur.
Pour son deuxième film chez Cannon Pictures après Lifeforce, joli échec au box-office, il s'attaque au remake des Envahisseurs de la Planète Rouge, petit classique de la SF des 50s aujourd'hui très ringard et dépoussiéré par Wade Williams, un millionnaire américain fanât de science-fiction qui utilisait parfois sa fortune pour s'immiscer dans le cinoche. Co-écrit par Dan O'Bannon, qui réintégrera quelques séquences de son premier scénario d'Alien, le film retrace l'histoire d'un gamin débrouillard aux prises avec une invasion d'extraterrestre pouvant contrôler les âmes humaines.
Dès le générique de début, ça sera kitch, plus encore que le film de William Cameron Menzies. Entre acteurs le plus souvent incompétents, décors en carton, effets spéciaux au rabais et maquillages grotesques d'un Stan Winston handicapé par un petit budget, le film ne parvient que trop rarement à moderniser le film des années 50, ne se contentant que de changer une soucoupe volante en un rip-off du vaisseau de E.T. et confectionner des Martiens plus originaux mais pas plus réalistes. Tout aussi gentiment ringard que son aîné, contenant lui aussi des Craignos Monsters mémorables, L'Invasion vient de Mars s'avère être plus proche du nanar que du remake réussi.
Dans un sens, le long-métrage en est presque touchant de ridicule et peut se regarder comme un plaisir coupable. Dans l'autre, c'est un ratage artistique et commercial particulièrement daté, faisant pâle figure devant les petits chefs-d'œuvre sortis la même année.