Mike Hodges est surtout connu pour la Loi du milieu, thriller anglais brutal et sauvage qui offrait à Michael Caine un de ses plus grands rôles. On peut presque dire la même chose pour cet Irlandais certes moins réussi que la Loi du milieu, mais qui permet à Mickey Rourke de composer un de ses meilleurs rôles, puissant, sobre, pas trop gâché par ses tics, et pourtant c'est un film peu connu, sans doute parce qu'il est passé inaperçu et que Rourke pas satisfait de sa prestation, l'a renié.
C'est plutôt étonnant quand on voit le résultat qui est au contraire très positif, il n'y a rien de honteux, la réalisation est certes académique, mais il y a une ambiance spéciale dans ce film, quelque chose que je n'arrive pas à définir. De plus, le casting est d'une grande qualité, on y reconnait autour de Rourke, un Bob Hoskins parfait en curé torturé par son devoir sacerdotal et le secret de la confession, Alan Bates en croque-mort mafieux qui avec Christopher Fulford compose une belle paire de salopards, et un Liam Neeson qui n'était pas encore vedette, en ancien complice de l'IRA qui recherche Fallon incarné par Rourke... Il est donc curieux que Mickey Rourke ait été insatisfait de ce polar, il avait plus à rougir des films douteux qu'il a tourné après Homeboy, notamment un rôle grotesque et très caricatural aux côtés de Jean-Claude Van Damme dans Double Team.
Le réalisateur évite l'écueil du film à thèse, du terrorisme et du nationalisme irlandais pour se concentrer sur l'aspect humain, malgré trop de personnages sans réelle importance, c'est un film avant tout sur la rédemption par la foi, puisque le personnage de Fallon se trouve dans une spirale et cherche à protéger un prêtre d'une bande de gangsters, c'est la lente et irrémédiable descente aux enfers d'un ex-tueur de l'IRA las de toujours tuer, un bon thriller dont l'aspect politique ne sert que de vague toile de fond. Un film à redécouvrir.