S'il y a bien un processus qui génère de l'émotion au cinéma c'est celui de la transfiguration. Vous savez, ces personnages qui affichent un visage ou une apparence au début de l'histoire (et sur lesquels éventuellement nous portons un jugement) et qui à la faveur d'un évènement ou tout simplement de leur maturation se révèlent finalement sous un tout autre jour. Eh bien Lucky Star, grâce à l’immense talent de Janet Gaynor, est sans doute un des meilleurs exemples qui soit.
Elle y incarne Mary, une fille de ferme aux airs de sauvageonne, aux traits maculés de crasse et à la tignasse toute filasse. Une apparence et un comportement peu engageants qui ne vont pas pour autant décourager le beau Tim que son travail a amené dans la région. Bien lui en prendra. Des années et une guerre plus tard - qui l'aura laissé en fauteuil roulant - il retrouve la jeune femme...qui n'a plus rien de la sale gamine qu'il avait connue. Et cette transformation doublée du fait que le rapport de force s'est inversé entre ces deux-là - il est limité dans ses mouvements et elle rayonne de bonheur à ses côtés- provoque une émotion que seul le cinéma peut produire. Et lorsque c'est un metteur en scène comme Borzage qui est aux manettes ça donne tout simplement un chef d’œuvre.
Vous avez aimé l'Aurore de Murnau, laissez vous tenter par Lucky Star.
Réalisation/Mise en scène : 10
Personnage/interprétation : 10
Histoire/scénario : 9
Emotion : ++
10/10