Dino Fabrizzi,sémillant italien,est commercial dans l'automobile et vendeur vedette de la concession Maserati de Nice.Alors que son patron s'apprête à prendre sa retraite,il est pressenti pour lui succéder,donc tout roule.Sauf que Dino s'appelle en réalité Mourad Ben Saoud,que c'est un modeste algérien de Marseille et qu'il ment depuis des années à ses collègues,à sa famille qui croit qu'il travaille à Rome,et même à sa copine.Quand son père est victime d'une crise cardiaque et qu'il est contraint de faire le ramadan à sa place,son imposture risque fort d'être révélée tandis qu'il jongle avec les horaires entre jeûne et prières.On s'attendait à une énième comédie estampillée Kad et O mais "L'italien" est bien curieusement construit et s'éloigne pas mal de ce que le tandem propose d'habitude.Ca commence effectivement dans le comique,lourd et faible la plupart du temps,au postulat de départ absurde,avec l'histoire de ce menteur pathologique pris à son propre piège et multipliant les acrobaties pour n'être pas découvert.Mais progressivement le film vire au mélodrame larmoyant et à la leçon de morale antiraciste niaise pour s'achever dans la stupidité la plus décomplexée.Ce concentré de couinements ethniques entend dénoncer le sort funeste réservé par ces salauds de français racistes à tous ces gentils arabes obligés de se faire passer pour des italiens afin de pouvoir être traités correctement.La bonne nouvelle c'est qu'au moins il n'y a pas de racisme anti-rital,si l'on en croit le film l'italianité est même très tendance.Olivier Baroux,qui est à la réalisation,à l'adaptation et aux dialogues,se montre bien incapable de donner un semblant de cohérence et de crédibilité à l'erratique scénario d'Eric Besnard et Nicolas Boukhrief qui ne fait que s'enfoncer un peu plus à chaque scène,à l'image de son triste héros.Il y avait pourtant un potentiel de départ qui aurait pu engendrer une comédie tonique sur l'imposture,le mensonge,la schizophrénie et la difficulté qu'il y a parfois à s'accepter tel qu'on est,mais les auteurs ont préféré nous fourguer un mode d'emploi du ramadan et la description d'un monde dominé par des blancs incompétents et racistes passant leur temps à faire chier de paisibles musulmans qui n'ont jamais entendu parler de délinquance,de criminalité ou de terrorisme,et dont on se demande accessoirement ce qui peut bien les pousser à rappliquer aussi nombreux dans ce pays qui leur est si hostile.Kad Merad fait preuve de son abattage coutumier dans la partie comique du film mais se plante royalement lorsqu'il devient le Tarik Ramadan du pauvre.Valérie Benguigui,avec qui il était déjà en couple dans "Pur week-end",fait ce qu'elle peut pour sauver son personnage mal écrit,tout comme ses camarades Guillaume Gallienne,Roland Giraud,Philippe Lefebvre,Tarek Boudali,Guy Lecluyse,Jean-François Malet ou la romancière et cinéaste Saphia Azzeddine,très jolie fille.Alain Doutey et Arièle Semenoff jouent les parents d'Hélène et semblent en passe de devenir le couple officiel "à la ville et à l'écran" du ciné français.On note encore une belle prestation de Karim Belkhadra en imam ironique,car les imams sont toujours sympas au cinéma.