Ce film, j’en ai rêvé, parce qu’il ne ressemble à aucun autre film. Le temps semble s’y être arrêté, et on est comme transporté ailleurs. Une fois cela dit, comment développer une critique constructive, vu qu’à partir du premier constat on pourrait dire: Soit on aime, soit on n’aime pas.
Les travellings légers à hauteur du sol, un monde fait de lenteur, de gestes posés, gros plans et regards contemplatifs sur un espace domestique clos, une nature fermé sur elle-même, et où on ne voit jamais le ciel, des dialogues d’une grande banalité. Des femmes courages, hommes inexistants, une fille souffre-douleur, des petits garçons oisifs, une souffrance édulcorée. Tout ça pour montrer le quotidien d’une petite bonniche dans sa famille d’accueil. C’est cadré avec talent, et le minimum de moyens utilisés permet de créer un passé minimaliste, visuellement c'est assez sobre pour faire fonctionner l'imagination. C'est peut-être pour ça que c'est poétique par moments. Et je crois que c’est ce qui m’avait touché. Une fois le charme levé, je ne pense pas que le sort de cette fille soit si exemplaire.
Une domestique qui accepte passivement son destin, et qui devient femme, son long chemin vers la dignité ne semble pas être digne d’intérêt pour le cinéaste. Bizarrement les critiques voient dans le film un hommage à toutes ces femmes sacrifiant leur liberté sur l’autel de la tradition. Qu’est-ce-qu’il ne faut pas entendre, quand même ! Contrairement à l’auteur, je ne pense pas que tout soit digne de contemplation. On apprend aussi comment accommoder la papaye en salade, comme un légume vert. Je préfère la papaye qui est aussi un fruit, avec sa pulpe orange, son goût incomparable, et ses petits grains juteux que j’adorais faire éclater sous les dents. Séquence émotion dirait Nicolas Hulot.
Au fait, si vous êtes fan de Steven Seagal, ce film n’est pas pour vous.