Attention, ça spoile et y'a pas de quoi s'poiler !
Le spectre d'une adaptation cinématographique du livre de Yann Martel planait depuis 2002, et après plusieurs réalisateurs pressentis, c'est finalement Ang Lee qui rafla la mise.
TIGRE ET LAGON
N'ayant pas lu le roman du canadien, je peux toutefois affirmer, après avoir vu ce "Life of Pi", qu'adapter une telle oeuvre avec succès relevait quoiqu'il arrive du tour de force, tant l'histoire déborde d'imagination, et se devait d'être un perpétuel émerveillement des sens, sans toutefois s'alourdir inutilement et tomber dans le pompeux ou pathos au vu des thèmes traités. Et à vrai dire, je pense que peu de réalisateurs auraient pu réussir. Et dire qu'on a failli avoir droit, en vrac, à M. Night Shyamalan ou encore Jean-Pierre Jeunet, on peut dire qu'on l'a échappé belle. Attention, j'ai adoré certains de leurs films, mais je suis tout de même ravi de voir le résultat obtenu, grâce au talent d'esthète du réalisateur du "Secret de Brokeback Mountain" ou encore "Tigre et Dragon" (ou encore Hulk version 2003, oui, je sais :o).
J'PEUX PAS, J'AI PISCINE
Cette fable suit donc le personnage de Piscine Molitor Patel (si si !), autoproclamé Pi (sans doute pour chlore les débats ^^), d'abord à Pondicherry, où l'on découvre son entourage, son éducation pieuse, et une relation à la fois complexe et étrange avec les animaux. S'ensuit un voyage vers le Canada qui va bien évidemment mal tourner, avec naufrage à la clé, Pi se retrouvant sur un canot avec pour seule compagnie un zèbre, une hyène, un orang-outan, et un tigre du Bengale ! A noter que la scène du naufrage est juste bluffante, un véritable maelström qui se termine dans un merveilleux effroi.
"PI" OF THE TIGER
Et l'aventure se poursuit donc sur le canot de sauvetage. 227 jours, avec son lot de rebondissements et de poésie. En compagnie de Piscine, on aurait pu avoir des longueurs (ah ah !), mais tout est conté avec brio, et on ne s'ennuie pas un seul instant. Au delà du message religieux, on assiste à une véritable leçon de courage et d'optimisme, contre vents et marées. Jusqu'à un final glaçant, et ce dénouement à interprétations multiples, qui nous laisse cet échappatoire d'accepter ce que l'on vient de vivre tel quel, plutôt que d'imaginer une réalité alternative bien plus dure.
A la fois lyrique, épique, poétique, frénétique, atypique, "L'Odyssée de Pi" est un raz de marée qui emmène tout sur son passage, pour peu que l'on se laisse porter par le courant. Sans cela, le film prend l'eau, et on boit la tasse.