1942-1944. tandis que le monde s’enfonce dans la Guerre, les studios américains voient partir au combat une partie de leurs employés – des stars telles James Stewart, Clark Gable, Robert Montgomery ou encore Tyrone Power - et tellement d’anonymes.
Parallèlement, plus de 500 films ayant la guerre pour thème sont mis en œuvre, un grand nombre tombés définitivement dans l’oubli ou perdus.
Exaltant les valeurs patriotiques, le courage de ses héros et la résistance face à l’ennemi, ils mettent en scène des personnages toujours valeureux et suivent parfois de près certains éléments de l’actualité.
Parmi les oeuvres les plus connues, on pourra citer par exemple Guadalcanal (de Lewis Seiler), Mrs Miniver (de William Wyler), Sabotage à Berlin (de Raoul Walsh) ou encore Trente seconde sur Tokyo (de Melvyn LeRoy).
En 1942, un discours du Président Roosevelt vante le courage des héros anonymes. Il cite le nom d’un médecin, le Dr Wassell décoré pour avoir sauvé de la mort un groupe de matelots blessés en les rapatriant de Java vers l’Australie. Séduit par cette histoire, Cecil B. DeMille monte le projet de l’adaptation de ce fait héroïque au cinéma.
Venu travailler en Amérique, le romancier britannique James Hilton ( évoqué dans mon précédent article sur La proie du mort), publie en 1944 le roman «The Story of Dr. Wassell » d’après les Mémoires de celui-ci. Cecil B. DeMille en réalise l’adaptation la même année.
Le film est destiné à soutenir le moral des américains en rappelant le courage de plusieurs de ses héros, en célébrant l’amitié USA-Angleterre ainsi que le rôle des Hollandais dans l’aide aux blessés et aux populations en péril. Ceci sera fait à travers les portraits de plusieurs personnages courageux de nationalité hollandaise : un médecin, une des deux infirmières qui accompagnent le Dr Wassel ainsi que le Commandant et l’équipage du vieux rafiot qui embarquera les réfugiés et blessés malgré les raids de l’aviation ennemie.
« Les hollandais auront la meilleure place dans notre cœur » déclare le Dr Wassell au Commandant Rick qui leur vient en aide. Tout est dit et bien dit.
L’histoire se centre ainsi sur un groupe de matelots blessés issus de l’équipage du croiseur américain USS Marblehead, torpillé par l’ennemi au large de Java mais maintenu à flot et ramené au port grâce au courage de ses matelots.
C’est l’occasion de montrer des images d’actualité du véritable bâtiment lors de son retour au port. Demeurés dans un petit hôpital dirigé par le Dr Wassell, les blessés attendent le bateau qui doit les rapatrier.
Une mauvaise surprise les attend cependant. Face à la menace des attaques de l’aviation japonaise, le commandant du navire refuse de prendre à bord les blessés invalides.
Demeuré avec deux infirmières et douze blessés, le Dr Wassell apprend avec angoisse l’avancée de l’ennemi et lorsque l’hôpital est bombardé, blessés et soignants sont obligés de fuir.
La volonté de romancer l’histoire et de répondre aux critères du cinéma hollywoodien de l’époque pousse scénariste et réalisateur à développer non pas une mais trois histoires d’amour, parallèlement à l’odyssée proprement dite.
La plus touchante est certainement celle entre un rude soldat américain, Hoppy et la douce infirmière javanaise - qui répond au joli nom de Tremartini (Three Martini) - qui lui a donné son sang pour le sauver. Hoppy Hopkins fait partie des personnages réels de l’histoire du Docteur Wassell dont les noms ont été repris tels quels.
Bien que le film laisse penser à une autre fin pour le sympathique matelot, il sera fait prisonnier par les japonais et rentrera chez lui la guerre finie. Dans les dernières secondes du film, généralement absentes des versions DVD, Ceci B. DeMille précise le devenir d’Hoppy, laissé pourtant dans une situation désespérée.
L’histoire est principalement basée sur le caractère et le courage des divers personnages. Celle du Dr Wassell est racontée via plusieurs flashbacks qui ralentissent un peu le rythme et rendent la partie odyssée peut être un peu courte sur la durée du film, peu de péripéties étant finalement montrées.
Si Cecil B DeMille nous a habitués aux films à grands spectacles, à la figuration grandiose – les deux versions des 10 commandements, Le signe de la Croix, Le roi des rois version muette, Sous le plus grand chapiteau du monde... - , il surprend ici par la sobriété des moyens mis en œuvre. Mise à part la première scène sur le port où blessés et population en fuite embarquent, la figuration est assez réduite et les combats sont montrés de façon assez rapide et simple – explosions et survol par deux ou trois avions -.
Gary Cooper incarne un personnage humain, courageux, idéaliste. Il magnifie le personnage, introduisant certainement une part romancée à l'histoire réelle.
Tous les personnages présentés sont positifs, sympathiques et courageux et l’ennemi n’est jamais montré directement, à part par des feuillages bougeant dans la jungle et par les avions qui bombardent le navire hollandais.
Au final, un beau film dont on pardonnera les longueurs pour se laisser emporter par les personnages, admirer les belles images et partager l’optimisme de ses personnages.