La fin de la première partie m'avait laissé assez mitigé. J'espérais retrouver dans la deuxième le ton du formidable début. Las, ce n'est pas ce qui se produit. La mièvrerie amorcée dans la première partie se confirme, mais cette deuxième partie y ajoute une tare de taille : elle est ennuyeuse. Et assez prétentieuse.


Je ne suis pas spécialiste en art mais j'aimerais bien connaître l'avis de quelqu'un du métier sur ce qui est montré là. Passons sur l'art contemporain tourné en dérision. C'est facile, et ça a déjà été maintes fois fait, dans Intouchable ou, de façon nettement plus intéressante, dans The Square. Mais le côté "l'art c'est ce qui est vrai", "la beauté c'est la vérité", c'est un peu bateau non ? Le grand professeur qui porte un feutre et qui étale de la graisse sur un mur parce qu'on l'a sauvé de cette façon pendant la guerre, c'est pas un peu gros ? Et le tout Düsseldorf qui s'extasie devant de la peinture qui floute de la photo... Bon, il paraît que c'est tiré d'une histoire vraie.


J'avoue n'avoir pas été passionné par les états d'âme de cet artiste qui se cherche. Quant à sa ravissante épouse, elle est réduite à... cela, les féministes apprécieront. Toute vouée à son artiste chéri. Lorsqu'elle apprend qu'elle n'aura jamais d'enfant, hop, la voilà consolée puisque les oeuvres de Kurt seront ses enfants. A pleurer. Comment peut-on expédier ainsi l'immense douleur du deuil de la maternité ?


Et puis, il y a le vilain, le papa gynéco. Qui a exactement la même tête du début à la fin du film alors que plus de 20 ans s'écoulent, mais passons là-dessus aussi, puisque c'est aussi le cas de Kurt (paresse ? pas de budget maquillage ? le cinéaste assume humoristiquement en faisant dire à l'un des personnages, en substance : "tu fais jeune pour 30 ans !"). On ne comprend pas pourquoi le couple continue à se soumettre comme deux ados à son autorité. La fifille se laisse prendre la main par son papa alors qu'elle sait qu'il l'a rendue stérile avec son opération ! Aucune colère en elle contre lui, semble-t-il. Invraisemblable.


Pour corser le tout, le film, comme déjà dans la première partie, n'évite pas les clichés. Citons le fameux coït contre le mur (j'aimerais connaître la proportion de femmes qui ont atteint l'orgasme de cette manière ?), après un regard de braise soudain, alors que le couple vit depuis des années ensemble, mais d'où vient cette fièvre violente, du samedi soir ? On comprend que c'est ça qui a finalement mis Ellie enceinte, ça marche mieux dans cette position... Et puis, bien sûr, tous les clichés sur l'art déjà évoqués ci-dessus.


Quelques trous d'air scénaristiques aussi : les motivations de Kurt pour fuir à l'Ouest ne sont pas étayées. On devine que c'est par désir de liberté, mais le film ne creuse guère sa répulsion à se tenir dans les canons officiels du régime. Quant à Ellie, on l'a vue, elle suit de toute façon son homme, elle n'a pas à avoir de motivation, ouf.


On l'a compris, j'ai pris pas mal le film en grippe (j'ai conscience qu'on peut le recevoir autrement). Ennuyeux le plus souvent, affligeant plus souvent qu'à son tour. La dernière scène résume la trajectoire du film : totalement fade, alors qu'elle était si forte portée par Elisabeth au début.


Peut-être le cinéaste veut-il nous dire que seule la guerre donne de l'intensité à la vie ? Démonstration réussie alors, même si le spectateur a dû en payer le prix fort. Et je ne parle pas du ticket d'entrée.


5,5

Jduvi
5
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le 19 juil. 2019

Critique lue 232 fois

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