L'oiseau, c'est deux/trois bruissements d'ailes, une caméra lente, une intrigue fine et de maigres détails. Sandrine Kiberlain (Anne) se dresse en muse habitée de cette longue danse solitaire. Elle distille peu à peu les éléments de sa vie, ses habitudes et ses obsessions. Partout où elle va, elle semble filer tel un fantôme, fantôme de sa propre vie, passant au travers de toute opportunité de bonheur.
Pourtant sa démarche est lourde, elle s'englue dans son quotidien et reste cloitrée dans la raideur de ses quatre murs.
Mais quand de petits bruits viennent troubler cette pesanteur habituelle, elle frappe avec conviction et démolit partiellement sa petite prison.
C'est alors qu'apparait l'oiseau, une nouvelle présence qui l'enchante et va peu à peu la faire sortir de son cocon mental. Mais malgré cette émancipation le rythme du film ne s'emballe pas, la libération ne s'opère pas. Pire, le personnage d'Anne s'enferme d'autant plus sur elle-même. On ne vit pas l'ennui de la jeune femme mais la frustration de son entourage, puisque tout comme eux, on reste à la porte d'Anne, de son histoire, de ses secrets.
On regrette également que la photographie n'ait pas été plus soignée, l'ambiance du film aurait pourtant permis une image plus léchée mais Yves Caumon ne nous offre que plans bruts et exercices de style. La poésie du film est bricolée, bien pensée mais ne nous transporte jamais.
L'oiseau se termine sur un happy end convenu, sans doute un brin simpliste comparé au reste du film, mais qui a le mérite d'insuffler une bouffée d'air, dont le spectateur a grandement besoin, après 93 minutes des plus sombres.