Décidément, ce mois de septembre est placé sous le signe des disparitions mystérieuses. Après vous avoir parlé de Searching il y a quelques jours, c’est au tour de L’Ombre d’Emily de pointer le bout de son nez. Sorti du réalisateur Paul Feig, habitué aux comédies à succès comme Mes Meilleures Amies, Les Flingueuses, SOS Fantômes ou encore Spy, le cinéaste américain s’attelle à un nouvel exercice.
A mi chemin entre Gone Girl et La Fille du train, inspiré du roman de Darcey Bell, L’Ombre d’Emily est complètement barré. D’un twist à un autre, l’intrigue perd constamment son public en lui dévoilant au compte goutte de nouvelles informations. Jouissant d’une esthétique irréprochable et d’une bande originale égalant son élégance, le film séduit par tous ses aspects et nous plonge dans l’esprit de Stéphanie et la fascination qu’Emily occasionne. Telle une sirène, Blake Lively hypnotise tout sur son passage. Tout au long de ces 2h, elle dissimule ses parts d’ombres grâce à son sourire ravageur qui déclenche toutes les questions du monde. Dès sa première apparition, l’écoute de sa démarche, le bruit de ses talons, son visage dissimulé derrière un parapluie noir, elle laisse bouche bée, plongeant le spectateur dans ses filets. On ne fait pas plus classe. De part ses tenues, le style de vie qu’elle mène, son travail, ses cocktails, c’est tout un arsenal d’élégance et de chic qui transpire du film. Il n’y a qu’en regarder sa photographie pour être totalement épris.
Par « Ombre d’Emily », on peut donc comprendre deux choses: l’ombre constante de sa disparition et sa part d’ombre, cachée au plus profond d’elle. L’enquête de sa disparition nous emmène donc dans des eaux bien étranges que nous n’aurions soupçonné. Parfois tordus, les twists entrent dans la digne continuité de l’esthétique. Ils arrivent de nulle part, on ne comprend pas forcément d’où et comment cela peut coller avec ce qu’on nous raconte, mais d’une étrange manière, tout s’imbrique à la perfection. Des rebondissements qui viennent faire évoluer nos deux personnages principaux, entre la mère parfaite et naïve et de l’autre coté, la mère raffinée qui travaille pour un créateur, deux univers complètement opposés mais qui, par leur confrontation, changeront radicalement.
Je dois admettre qu’Anna Kendrick (une actrice que j’adore) m’énervait un peu au début, justement à cause de la niaiserie de Stéphanie. Cependant, au fil du récit, elle s’émancipe de cette image parfaite et sotte qu’on lui attribue pour embrasser tout son potentiel, face à une Blake Lively impeccable, sournoise et manipulatrice. Elle erre durant le film telle une figure surnaturelle, inaccessible voir fantasmagorique. La partition de Theodore Shapiro contribue beaucoup à construire ce sentiment. A coup de flutes, de carillons et oscillant entre notes aiguës et plus grave, le compositeur trouve l’alliance parfaite pour faire ressortir tout le mystère de l’histoire.
J’ai un faible pour ce type de récit avec des femmes en son coeur. Il y a toujours quelque chose de fascinant et d’interessant dans la narration. Une façon de faire qui ne serait possible si c’était un homme. Ce sont deux manières d’aborder l’histoire de disparition totalement différente mais qui se défendent très bien. Avec Paul Feig à sa tête, qui sait mettre en scène les femmes, L’ombre d’Emily est une vraie réussite. Un film énigmatique comme je les aime.