Stephanie,jeune veuve naïve et hyperactive,se lie d'amitié avec son antithèse Emily,une executive woman hautaine,cynique et cassante.Mais Emily disparait brusquement,laissant derrière elle son mari et son fils,alors Steph remue ciel et terre pour la retrouver.Quand son cadavre est découvert,son amie et son époux se consolent ensemble,mais les évènements vont prendre une tournure inattendue.Le réalisateur et producteur Paul Feig est un féministe acharné,c'est du moins ce dont il témoigne dans tous ses films,à tel point qu'à ce niveau on ne peut plus parler de féminisme mais de lèche-menstrues.Ce qui diffère avec "L'ombre d'Emily" est qu'il ne passe pas cette fois par son habituel prisme de la comédie mais par celui du thriller.La Feigco Entertainment emploie comme de coutume des femmes et c'est Jessica Sharzer qui signe un très habile scénario adaptant un bouquin de la romancière Darcey Bell.Feig utilise une narration éclatée,émaillant son film de flashbacks et de vides scénaristiques remplis à contretemps et à mesure de l'avancée des évènements,ce qui éveille l'intérêt du spectateur et stimule ses neurones.Ca reste néanmoins très lisible,d'autant que le rythme et l'enchaînement des scènes sont parfaitement calibrés.Evidemment le script prend la forme d'un whodunit astucieusement présenté car tout le monde devient suspect dans cette affaire.Ainsi Stephanie,la copine si gentille et si dévouée,ne perd pas de temps pour s'emparer de l'existence de cette défunte qui la fascinait et s'impose auprès de son époux et de son petit garçon,s'installant dans sa maison et portant ses vêtements pour opérer une sorte de transfert de personnalité plutôt trouble.Le mari n'a pas l'air clair non plus derrière ses allures sympathiques car il touche une assurance-vie substantielle qui tombe à pic pour régler ses problèmes financiers.Il y a aussi le patron de la morte,un couturier prétentieux qui entretenait des rapports tendus avec elle,sans parler d'une personne qui aurait pu surgir du passé mystérieux d'Emily,qui semble bien sulfureux.A moins qu'elle ne soit pas vraiment décédée,ce que certains indices paraissent indiquer.Les dialogues sont brillants,les interactions entre les protagonistes finement articulées,hélas ça part un peu en vrille dans la dernière partie avec l'enquête invraisemblable et ridicule de Stephanie,une clé de l'énigme trop vite délivrée et une intrigue qui se complexifie exagérément pour aboutir à une conclusion décevante.Du coup on salue la qualité de l'oeuvre mais elle laisse un petit goût d'insatisfaction et on se dit qu'il ne manquait pas grand-chose pour atteindre un niveau très supérieur.Anna Kendrick porte le film sur ses frêles épaules avec son dynamisme continuel,son charme acidulé et son petit gabarit qui n'empêche pas des formes parfaites.C'est elle qui fait le show car en dépit du titre c'est son personnage qui occupe l'écran la plupart du temps.Mais Blake Lively est très bien aussi en salope XXL psychopathe de banlieue résidentielle,déversant avec aplomb des répliques salées qui décontenancent ses interlocuteurs.Le beau gosse asiatique Henry Golding,la vedette masculine de "Crazy rich asians",assure parfaitement en mari éploré et écrivain raté.Derrière ce trio de tête se déploie une belle équipe de seconds plans dont émergent particulièrement Rupert Friend en sous-Tom Ford arrogant et veule,et Linda Cardellini en peintre chtarbée obsédée par son ancien modèle.Curieusement la bande-son regorge de chansons françaises,principalement des tubes sixties interprétés par Gainsbourg,Dutronc,France Gall,Françoise Hardy ou Brigitte Bardot,écrits pour la plupart par Gainsbarre.