" Dieu pose son regard bienveillant sur le professeur aimable "

J'ai vu ce film il y a un petit moment maintenant, mais il continue de me tourmenter. Et pour tout vous dire, je ne me souviens même plus la raison qui m'a poussé à m'orienter vers lui, je ne connaissais Anthony Asquith que de nom, et le propos du récit semblait bien vague, tout comme son titre Français ambigu. Une fois lancé, le début de cette histoire s'avère lui aussi relativement trouble, voir trompeur, car une fois plongé au sein de ce collège Anglais, la caméra ne semble pas braquée sur un point fixe mais au contraire capable de vriller dans n'importe quelle direction. Professeur sur le départ, ou son remplaçant, élèves moqueurs, tout s'enchaîne avec naturel jusqu'à qu'on comprenne enfin qui sera le " héros " et cette fameuse ombre qui plane.

The Browning Version, c'est sans l'un des plus beaux portraits que j'ai pu voir dans le cinéma, sans excès, sans violon, c'est un bouleversant constat auquel nous sommes confrontés. Un homme au phrasé somptueux interprété par un Michael Redgrave en état de grâce, un homme vidé mais lucide, devenu sa propre caricature au fil du temps conspué par ses élèves l'ayant rebaptisé le " Himmler de la classe de troisième ", un homme droit, véritable passionné de littérature qui n'arrive pas à communiquer cet entrain caché sous des couches de dialecte latin, un homme qui voit le temps passer lui filer entre les doigts sans parvenir à interférer. Un homme à l'aspect rude à l'extérieur laissant apparaitre une fragilité palpable qui pourrait se fissurer à tout moment, un homme qui souffre mais qui la dissimule avec une élégance peu commune.

Et bien laissez moi vous dire Professeur, je ne vous oublie pas moi, j'ai perçu chez vous ce que peu ont vu, j'ai eu l'envie soudaine d'en apprendre plus sur Agamenmnon d'Eschyle et d'y lire votre version, j'ai compris cette froideur apparente qui sert de protection.
L'émotion n'est jamais aussi intense que lorsqu'on l'a laisse venir à nous sans la forcer avec subtilité, en découle un drame poignant qui en 90 minutes m'a donné le sentiment de connaitre et d'apprécier cet homme de l'ombre qui hante désormais mes souvenirs, inoubliable.

Critique lue 717 fois

26
8

D'autres avis sur L'Ombre d'un homme

L'Ombre d'un homme
Sergent_Pepper
9

Le discours d’un coi.

Les premières séquences de L’ombre d’un homme sont à elles seules une justification de la nécessité d’en savoir le moins possible sur un film avant de le regarder. Saturées de discrètes fausses...

le 8 mai 2014

50 j'aime

10

L'Ombre d'un homme
Kobayashhi
9

" Dieu pose son regard bienveillant sur le professeur aimable "

J'ai vu ce film il y a un petit moment maintenant, mais il continue de me tourmenter. Et pour tout vous dire, je ne me souviens même plus la raison qui m'a poussé à m'orienter vers lui, je ne...

le 11 sept. 2014

26 j'aime

8

L'Ombre d'un homme
Roinron
9

Un grand film méconnu

Voilà un film que tous les enseignants devraient visionner une fois tous les 15 ans, pour ne pas oublier qu’il ne suffit pas d’avoir des connaissances et des diplômes pour être un bon professeur...

le 12 sept. 2017

10 j'aime

4

Du même critique

Interstellar
Kobayashhi
10

All you need is love, love, love, love...

Aïe Aïe Aïe, nous y voilà, Interstellar, le film dont on ne doit pas prononcer le nom, celui qui déchaîne les passions, film de la décennie pour certains, arnaque pour d'autres. Déjà moqué pour ces...

le 6 nov. 2014

489 j'aime

23

Mad Max - Fury Road
Kobayashhi
9

My Name is Max, Mad max !

Putain........................... Du moment où les lumières se tamisent jusqu'au générique de fin laissant traverser le nom de Georges Miller, je suis resté scotché dans mon siège, halluciné par le...

le 14 mai 2015

302 j'aime

27

Whiplash
Kobayashhi
8

Do, Ré, Mi, Fa, Sol, La, Si, J.K FUCKING SIMONS

J'ai quitté la salle il y a quelques heures maintenant, et pourtant j'entends encore les baguettes claquer contre les cymbales avec une fougue hors norme, ais-je perdu la raison ou suis-je encore...

le 24 déc. 2014

268 j'aime

5