Georges Orwell nous prévient au début : il faudra lire entre les lignes. Histoire de nous dire que les thèmes abordés de la vérité, du journalisme complaisant, du lanceur d’alerte sont encore vivaces aujourd’hui. Malheureusement, ce film ne nous fera pas réfléchir, encore moins comprendre ou ressentir.
Seulement une description assez plate du combat d’un homme qui, dans la vraie vie, était sûrement d’un courage incroyable.
Le méchant aux mœurs douteuses et au peignoir de soie, la femme brillante mais froide, le gentil naïf et brave… Les personnages sont tellement stéréotypés qu’on s’ennuie rapidement.
On aurait pu espérer en apprendre sur l’Holodomor, mais on sera déçu. Mr Jones part enquêter sur la réussite industrielle de l’URSS. Le film nous dit plus ou moins que l’URSS se nourrit sur du blé confisqué aux Ukrainiens. Mais est-ce que ça suffit vraiment à répondre à la question de « l’argent de Staline » ? Et par quels mécanismes le régime en est-il arrivé là ? Mille questions se posent sur cette période et ce drame, mais le travail d’investigation du journaliste s’arrête sur le caractère immoral de la famine. Sûrement une énorme découverte pour l’époque, mais pas pour nous si on se souvient de nos cours du collège. D’ailleurs, à quoi correspondent les chiffres dont il parle quand il dit : « the numbers just don’t add up », ou bien « Stalin’s gold » ? Pas de réponse, il faut juste que le spectateur accepte que Mr Jones se doute de quelque chose concernant l’URSS. Mais ce qu’il a concrètement étudié pour soulever ces questions, on ne le saura pas.
Et même pour saisir l’horreur de la famine, pourtant filmée pendant loooongtemps, le film échoue. Il s’intéresse très peu aux victimes, à part pour monter crescendo dans le gore. On ne voit que Mr Jones encore et toujours.
Enfin, on aimerait en savoir plus sur le personnage de Duranty : pourquoi couvre-t-il le régime, qu’a-t-il ressenti quand il a découvert lui aussi la vérité etc. A part « on ne fait pas d’omelettes sans casser des œufs » et le fait qu’il soit très très méchant (et en plus il se drogue et il participe à des partouzes c’est dire s’il est méchant), on en saura pas plus sur ce qui le motive. Le film juge, il ne cherche pas à comprendre.
Donc, aucun intérêt artistique ni historique. Passez votre chemin.