Le corps et le fouet

Beaucoup aimé ce film considéré comme mineur de la Shaw Brothers. Le scénario n'a rien de très original mais est clair, bien amené, et réserve son lot de surprises.

La mise en scène de Lo Wei, solide et prolifique artisan de la firme, est plus que propre : elle magnifie les impressionnants décors enneigés (le film a été tourné au Japon) et fait preuve d'une belle maestria lors des combats : lors des batailles en nombre, Lo Wei joue en effet constamment sur les plusieurs plans du cadre, filmant souvent un combat au premier plan en même temps qu'un autre au second, procédé qui laisse rêveur quant à la qualité et la minutie de la préparation de ces scènes. La seule scène de duel est filmée en plan large, avec quelques plans séquences valorisant le savoir-faire des chorégraphes et des combattants, soulevant des nuages de neige à chaque chute.

Les chorégraphies dans l'ensemble, sont magnifiques, chaque personnage ayant son propre style et sa propre arme. Mais c'est bien sûr le fouet qui emporte la palme, arme atypique parfaitement mise en valeur dans le film. Il faut voir le maître jeter en l'air un sbire en l'air à l'aide de son fouet et son élève le rattraper au vol avec le sien pour le projeter au sol : ouïe ! Le duo formé par Cheng Pei-Pei, manieuse experte de l'arme-titre, et Yueh Hua, bretteur, se complète parfaitement, l'une virevoltant, faisant claquer sa lanière au visage des assaillants, tandis que son binôme use d'une méthode plus axée sur la force brute.

Si le film manque un peu de substance, la faute peut-être à sa courte durée, cela a au moins l'avantage d'éviter le gras ; sec et gracile comme un coup de fouet, le film claque et surprend.