L'Oncle de Brooklyn par dillinger0508
Le début du film surprend : travelling arrière découvrant un homme sodomisant un âne.
... C'est exactement la première scène de Totò qui vécut deux fois ... et c'est ainsi, dès les premiers instants, que le fan de la seconde oeuvre découvre à quel point l'univers de L'Oncle de Brooklyn irriguent Totò, quand il ne s'agit pas purement et simplement de références directes. On retrouve la même faune de mafieux, de religieux, d'obsédés sexuels, de nains, d'obèses. Le film est un peu moins taraudé par la religion mais la scatophilie est plus prononcée, les rôts et pets marquent la cadence du film.
Justement, à propos de rythme, on pourrait reprocher à l'oeuvre de s’essouffler en fin de course, la faute notamment à l'absence de vraie trame narrative (l'oncle en question est un élément finalement assez anecdotique) là où Totò était plus structuré. Totò parlait de religion, et se constituait d'histoires s'apparentant à des récit (im)moraux ou à la "chronique" de la vie de Jésus dans le Nouveau testament. "L'oncle ...", en revanche se veut une sorte d'état des lieux de l'Italie (de la région de Palerme en particulier), de part cette nature d' état des lieux, le film suit plutôt une logique d'amoncellement, sans lien logique.
Cet état des lieux s'il est avoué explicitement (par un narrateur au début et à la fin du film), n'en reste pas moins complexe à lire au travers des scénettes comiques.
Le matérialisme est visé, c'est évident. Les décors à l'état de ruine, sont-ils l'expression du pessimisme des auteurs ? Vous avez surement déjà vu, dans le cinéma italien, ces barres d'immeubles au beau milieu de terrains vagues ou ces vieux bâtiments trop décrépis pour avoir le charme de l'ancien ; un environnement qui chez Scola ou Pasolini laissait entrevoir une Italie en mutation là où maintenant on voit un pays en train de sombrer. Et ce cycliste bedonnant et miteux dans sa combinaison Hitachi, duquel un nain vole la bicyclette, faut-il y lire une référence au voleur de bicyclette, laquelle référence nous servirait à mesurer à quel point le cinéma italien est tombé bien bas ?
Il m'apparaît clairement que devant la diversité des thématiques abordées, l'"Oncle ..." est une oeuvre assez complexe qui nécessitera d'autres visionnages.
N'est-ce pas cela le propre du "cinéma d'Art" ?