1er long métrage de Chaplin en 1923, L’opinion publique tranche résolument avec la série de courts qui l’ont rendu célèbre, au point qu’il juge nécessaire d’avertir par un carton introductif qu’il ne joue pas dans le film à venir, et que celui-ci n’est pas une comédie.
Mélo moral, L’opinion publique débute par les amours contrariées dans un petit village de France où les pères, figures expressionnistes dans des escaliers menaçants, s’opposent à la jeunesse pourtant toute innocente, et les mères contemplent dans la douleur les départs qui en découlent.
Histoire d’un malentendu, le récit voit ne partir que la jeune fille, Marie, son amant restant auprès de sa mère suite au décès brutal de son père. Un brutale ellipse après ce prologue nous permet de réellement entamer le cœur du sujet : Marie est devenue une figure de la nuit parisienne, et Jean, devenu peintre, la retrouve et tente de renouer avec elle alors que tout les sépare désormais.
Si le mélo ne se distingue pas par une originalité particulière, le film permet une plongée dans les années folles assez intéressante, alliance de raffinement, de débauche et de luxe dans le monde parisien. A ce titre, le personnage le plus intéressante semble finalement Pierre Revel, joué par Adolphe Menjou, un dandy cynique incapable de sentiment, archétype de la vie facile que Marie a du mal à délaisser.
Le long métrage ne semble pas encore tout à fait maitrisé par Chaplin, le film s’essoufflant dans certaines lourdeurs et répétitions, patinant dans un pathos un peu excessif, même si le muet s’y prête souvent. Sur ce modèle, la résolution morale (retour à la campagne et altruisme pour les enfants des autres sous l’œil bienveillant du seul père qui vaille, le prêtre…) est un brin poussive, mais elle permet tout de même une belle image finale, celle où se croisent, sans se voir, les deux mondes, l’une, sauvée, sur une charrette, et l’autre, inamovible, dans une voiture filant à toute allure.

(6.5/10)

http://www.senscritique.com/liste/Cycle_Chaplin/780628
Sergent_Pepper
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Psychologique, Social, Mélo, Dénonciation et Vus en 2015

Créée

le 16 févr. 2015

Critique lue 817 fois

37 j'aime

Sergent_Pepper

Écrit par

Critique lue 817 fois

37

D'autres avis sur L'Opinion publique

L'Opinion publique
Dimitricycle
7

Où est Charlie ?

Et voilà, ça y est, la boucle est bouclée ; c'était mon dernier long métrage de Chaplin. Un certain entrain qui jusqu'alors me caractérisait est désormais en passe de s'éteindre. C'est pour ça que je...

le 17 oct. 2013

16 j'aime

4

L'Opinion publique
abscondita
6

Un drame de Chaplin

Charlie a 19 ans lorsqu’il se rend pour la première fois à Paris dans le cadre d’une tournée de la troupe Karno dont il fait partie. La troupe se produit aux Folies Bergères pendant un mois. Charlie...

le 27 juin 2022

9 j'aime

7

L'Opinion publique
Docteur_Jivago
8

Chaplin sans Charlot

A Woman of Paris représente la première oeuvre où Charlie Chaplin ne se met pas en scène, et qui n'a pas pour ambition la comédie, comme en témoigne cette pancarte ouvrant le film où il précise qu'il...

le 31 mars 2014

7 j'aime

Du même critique

Lucy
Sergent_Pepper
1

Les arcanes du blockbuster, chapitre 12.

Cantine d’EuropaCorp, dans la file le long du buffet à volonté. Et donc, il prend sa bagnole, se venge et les descend tous. - D’accord, Luc. Je lance la production. On a de toute façon l’accord...

le 6 déc. 2014

774 j'aime

107

Once Upon a Time... in Hollywood
Sergent_Pepper
9

To leave and try in L.A.

Il y a là un savoureux paradoxe : le film le plus attendu de l’année, pierre angulaire de la production 2019 et climax du dernier Festival de Cannes, est un chant nostalgique d’une singulière...

le 14 août 2019

715 j'aime

55

Her
Sergent_Pepper
8

Vestiges de l’amour

La lumière qui baigne la majorité des plans de Her est rassurante. Les intérieurs sont clairs, les dégagements spacieux. Les écrans vastes et discrets, intégrés dans un mobilier pastel. Plus de...

le 30 mars 2014

617 j'aime

53