Riche de la structure ramassée, dense et ayant sa propre chute, sorte de vie éphémère mais intense, propre au genre littéraire de la nouvelle, L'or de Naples peint d'une manière intime cette ville méditerranéenne à l'atmosphère si particulière, avec ses deuils personnels, ses blessures intérieures, ses vices cachés, ses secrets indicibles, ses conseils à ne pas répéter, à travers des personnages types, souvent représentatifs de la société locale, comme le Guappo, sorte de caïd, de Don du quartier, le vendeur de pizza (n'oublions pas que ce produit internationalement connu vient de là), la femme endeuillée éternellement vêtue de noir, le joueur invétéré (le nombre de parieurs et de maisons consacrées à cela y est encore aujourd'hui impressionnant), la prostituée rêvant de s'extraire de sa misère, le conseiller du peuple et bien d'autres personnages secondaires non moins révélateurs d'une ville et d'une époque.
S'éloignant du néo-réalisme du voleur de bicyclette, de Sciuscià, de Umberto D. ou encore de La ciociara, De Sica n'oublie pourtant pas le peuple, matière première de ce film. Mais si dans les précédents longs métrages la tonalité était tragique et pessimiste, ici elle est nettement plus légère, même dans les situations les plus morbides (comme dans l'enterrement où une certaine ironie se glisse face à cette mise en scène étudiée de la mort de la part de la mère endeuillée), alternant savamment voire entrecroisant le drame et l'humour, ce dernier désopilant parfois, à l'instar du premier récit avec Totò dont les innombrables grimaces et autres pantomimes sont à mourir de rire, ou encore dans la scène du jeu de cartes où De Sica lui stesso s'emporte comme un enfant face à cet enfant bien plus mature et dont le jeu (d'acteur) est bluffant.
Un film à la fois plaisant et intelligent, sympathique plongée sociologique dans la ville de Naples, nous offrant en prime l'époustouflant décolleté de Sofia Loren.
7.5/10