On est manifestement face à un film un peu à part dans la filmographie de Delmer Daves. Le pitch est assez mince et on dit que Daves le réalisa par amitié pour Alan Ladd qui devait un film à la MGM. Si le script évoque Quand la ville dort, le résultat en est très loin. L’Or du Hollandais par son ambiance s’apparente à un mélange entre le film d’aventures, le film noir et le western. Cependant si le sujet est intéressant, le traitement est paresseux. L’ambiance du début du film est prometteuse mais l’ensuite se perd dans des romances peu passionnantes (même si elles ont un intérêt dans le récit et le propos) et, surtout, le rythme est trop mou. Par ailleurs, Alan Ladd, bouffi par l’alcool, peine à convaincre.
Le meilleur du film se situe autour de la mine. L’atmosphère y est étouffante, la tension à son comble et la partie documentaire de ces puits de mines d’or est particulièrement intéressante. On regrettera que la fin ne réussisse pas à rester aussi tendue (elle paraît vraiment expédiée) alors que le film devenait réellement très bon. Si on retrouve la patte de Delmer Daves dans sa critique du racisme (ici les Mexicains) mais aussi dans son goût pour les romances et le mélo (ce qui, à mes yeux, gâche parfois son travail), on sent que le sujet ne l’a pas passionné. La photographie reste particulièrement soignée mais les rapports entre certains protagonistes et l’utilisation pas toujours heureuse de la musique donnent l’impression que certains éléments du film ont été bâclés.
Ce n’est pas un mauvais western et on ne s’y ennuie pas (même si le rythme faiblit en milieu de parcours), mais la dernière demi-heure laisse transparaître la qualité qu’aurait pu atteindre le film s’il avait été mieux écrit et ficelé. Cela reste divertissant, on est assez proche de la série B sympathique mais pas davantage. De Delmer Daves, La Dernière Caravane est d’un tout autre calibre.