L'histoire est invraisemblable.
Comment un ourson aussi petit pourrait-il survivre à la mort de sa mère? Pourquoi un ours mâle adopterait-il un ourson abandonné au lieu de le dévorer alors que son instinct le pousse à éliminer les futurs concurrents? Pourquoi cet ours épargnerait-il le chasseur qui veut le tuer? Etc, etc...
Oui, mais Jean-Jacques Annaud fait une démonstration de cinéma. Les images sont magnifiques et parlent d'elles-même. Il n'y a presqu'aucun dialogue et pourtant chacun peut suivre l'aventure jusqu'à entrer dans l'esprit (très anthropomorphe, soit) des ours. Cela donne plus de force aux évènements comme lorsque le plus jeune chasseur pose la main sur le canon du fusil du plus vieux et le lui baisse. Celui-ci pose son fusil et tous deux regardent, sans un mot, au loin. Tout est dans les gestes et dans l'image. La moindre parole ne pourrait qu'affaiblir l'instant.
Par ailleurs, tourner avec des animaux n'est pas facile. Ce qui a été réalisé là est un tour de force. Les dresseurs méritent un oscar, avec Bart.
Ce film est à recommander aux enfants, petits et grands, car après tout le type qui va chasser le dimanche et le gosse aux yeux écarquillés dans la salle obscure ne sont-ils pas le même?
Enfin, un petit conseil si vous vous aventurez dans des contrées où ces braves plantigrades n'ont pas été éliminés et que vous rencontrez un ourson abandonné, tout choupinou, n'allez pas lui faire de risettes, faites demi-tour et surtout ne coupez pas sa route, ni devant, ni derrière, vous pourriez passer entre la mère et le petit...c'est le genre d'erreur qu'on ne fait qu'une fois.
A qui le tour?
Ce n'est plus qu'une question de temps pour que disparaissent les derniers ours des Pyrénées. Partout, des éleveurs de moutons se lèvent pour éradiquer le loup. Notre siècle restera-t-il celui des moutons?
Il y a quelques années dans "histoires naturelles", une émission télé, un cultivateur disait: "Nous sommes au XXème siècle. Les sangliers, ça ne devrait plus exister".
Il y a longtemps, je pendais des merles dans mes arbres fruitiers pour espérer récolter quelques cerises, abricots ou figues. Chez moi, je ne vois plus d'insectes, plus de chauve-souris, presque plus d'oiseaux. Cette année, j'ai trouvé un jeune merle ne sachant pas encore voler dans le jardin. Je l'ai déposé en hauteur dans le bosquet où ils font leur nid. Ca me coutera sans doute quelques fruits, mais si nous voulons conserver le monde que nous avons connu, il faut savoir faire quelques sacrifices.