Contrairement à ce que beaucoup de gens ont cru à sa sortie, L'ours n'est pas simplement un film documentaire animalier. Ce n'est même pas simplement un film. C'est un prequel. La complexité et l'importance de cette oeuvre ne peuvent être appréciées qu'à la lumière de son appartenance à un cycle, une histoire qui le dépasse.
Si les prequels sont aujourd'hui à la mode à Hollywood, qui ne manque jamais de nous expliquer en long en large et en travers les backstories de tous ses personnages, il fut un temps où ce procédé était bien plus rare. Bien avant les backstories de héros, la mode tendait plus aux prequels de bad guys. Hannibal Lecter en 2007. Dark Vador dans la prélogie Star Wars au début des années 2000. Mais bien avant eux, en 1988, Jean-Jacques Annaud racontait l'histoire d'un des plus effroyables criminels jamais imaginés. Un prédateur sans foi ni loi. L'ours.
Le film s'ouvre sur ce qu'on appellera une "Mufasa". Un ourson voit sa mère mourir devant ses yeux, scène tire-larmes bien entendu, mais passons. Pendant 1h30, ce film détaille (ou plutôt survole) l'attachement de ce jeune ourson orphelin à un ours adulte, qui va l'éduquer, le protéger et l'aider contre les vilains humains chasseurs. Entre deux instants pêche dans la rivière, on a donc droit à des tentatives de meurtre, des agressions par des animaux à 4 pattes (chiens, lynx...), de la capture par les humains (et sieste sur le cadavre de sa maman)... En bref, beaucoup de péripéties qui finalement ne constituent que vaguement une histoire.
Reste la morale, "Il y a un plaisir plus grand que celui de tuer, celui de laisser la vie".
Mais alors, si le film est aussi inintéressant en tant que tel, il prend tout son sens dès qu'on le voit sous le prisme du prequel.
Ce qui est intéressant dans L'ours, ce n'est pas tant l'histoire, c'est ce qu'il en reste. C'est l'histoire d'un traumatisme enfantin.
Une fois adulte, l'ours reste marqué par ces évènements. Traumatisé, brisé, hanté par ses souvenirs, incapable de s'en défaire, il s'adonne à tous les vices.
Alcool, drogue, putes, vols à main armée... L'ours cherche à noyer son chagrin, ses souvenirs, à les enfouir sous une cirrhose hépatique. Boire pour oublier, sans oublier de boire. Dans sa vie de débauche, il trouve un compagnon. Un Irlandais, porté sur la boisson également, et constamment habillé en vert. Sans doute pour perpétrer l'illusion que c'est la Saint-Patrick, lui donnant ainsi une raison de boire.
Ensemble, ils se droguent tous les jours. Leur cam, c'est le LSD. Alcool et drogue ne font pas bon ménage, mais ça fait le vide dans leur tête. Ils s'envolent, ils s'effacent. Sont-ils encore conscients de leurs actes ? Trips complètement barriolés, distorsion des perceptions, impression de se déplacer sur un nuage...
Pourtant, là où l'histoire dérape, c'est lors de ces trips.
Ensemble, sur leur nuage magique, ils font tous les soirs la tournée des orphelinats pour distribuer une poudre magique qui fait dormir les enfants. Ce qui se passe après n'a pas sa place dans une critique lisible par tous.
Heureusement, dans un orphelinat, une caméra de surveillance surprend leurs agissements auprès des jeunes Nicolas et Pimprenelle.
Afin de répandre la nouvelle et de prévenir la population, le ministère de l'Intérieur décide de diffuser ces images sous forme de clip de prévention.
Son titre : Bonne nuit les petits.
A la lumière de ces faits, on comprend que L'ours n'est pas un film. C'est une plongée dans la psychée d'un des des plus grands criminels jamais rencontrés, un ours pédophile du nom de Nounours.
Beware the pedobear.