L'equus entre deux chaises
"L'Ultime Razzia" est un film noir nous racontant un braquage dans l'univers de la course de chevaux, mené de main de maître par Johnny Clay (sans Savuka). Ce dernier, campé par le charismatique Sterling Hayden, est la tête pensante et l'un des rouages d'une minutieuse organisation.
On distingue clairement deux parties, une première très bavarde, une mise en place (trop) longue, laborieuse. Si si, ça m'embête de le dire, mais lorsqu'on en vient à devoir faire une pause durant un long métrage d'une heure vingt, un seul constat s'impose: "The Killing" est plombé par un véritable problème de rythme. La bonne nouvelle, c'est que la deuxième partie est mieux rythmée, une paire de scènes sont franchement bien faites, et à défaut d'être surpris par les évènements, l'on assiste à une histoire plaisante et un pseudo twist final plein d'ironie, plutôt bien amené. Débouchant hélas sur une morale prévisible elle aussi, histoire de boucler la boucle. Le film de Stanley est loin d'être parfait. Entre de vilaines ombres de caméraman vues ici et là, en passant par le choix didactique et agaçant d'un narrateur qui explique en temps réel ce que l'acteur fait à l'écran, sans aucune plus-value, il y a à redire.
Sterling Hayden essaie de battre un record de débit de paroles et mérite sans doute de figurer dans le Guinness Book si ce n'est déjà fait. J'ai eu le malheur de voir le film sans sous-titres, et je dois avouer que j'ai dû m'accrocher à certains moments ! J'ai une théorie selon laquelle Stanley, s'apercevant que le spectateur moyen s'ennuierait devant son film initial de deux heures trente, aurait demandé à Sterling d'augmenter drastiquement la cadence de ses répliques. Allez savoir. En tout cas, le bonhomme déroule, plein de charisme, une sacrée gueule, un rôle de guide, un prophète pour ses brebis égarées de complices. Hayden, Christ en scène. Le reste de la distribution est assez inégal, le problème étant principalement lié à l'écriture des personnages, dont certains sont de véritables clichés ambulants. Tous s'en sortent plutôt bien étant données les circonstances.
Si "The Killing" ne brille pas de mille feux par la virtuosité et le savoir-faire reconnus de Stanley dans plusieurs de ses oeuvres futures, l'essentiel est bien là, à commencer par un montage habile et un véritable sens de la mise en scène. Heureusement, Kubrick est toujours autant à cheval sur la qualité, la précision c'est son dada, nous sommes donc encore assez loin d'un hippique fail.