Le début de La 5ème Vague ressemble à un condensé de la fin de l'adolescence et du début de l'âge adulte. Ca intéresse et on a envie, inexplicablement, d'aller plus loin et de connaître la fin de l'histoire. Car la première demi-heure du film épouse le point de vue unique d'une adolescente qui se bat pour survivre. Même si la facilité de la voix off fera lever les yeux de certains au ciel, le traitement offert par J. Blakeson semble efficace, laissant augurer quelque chose d'intime, voire de viscéral. Et surtout, d'un peu plus adulte et malin que la plupart des films du genre. Une amorce de critique de l'embrigadement d'une jeunesse aveugle entretient l'illusion et permet de tenir quelques minutes de plus. Tiendrait-on, avec cette 5ème Vague, un film frondeur et doté d'un vrai discours, surtout au sein d'un système de stérilisation et de formatisation organisée ?
Ah ah ! Naïf que j'étais ! C'était certainement trop demandé... Car passé ces trentes premières minutes, le film sombre dans la maladresse et le pataud, comme il empile les fautes de goût avec ardeur. Car le début assez prometteur est littéralement phagocyté par le cahier des charges du film pour ado qui rapplique au galop, sûr de son fait en ce qu'il détient la formule gagnante pour s'imposer à son public captivé. Son plus fier représentant, aka "la romance neuneu", viendra ainsi parasiter le film et faire couler un peu plus un scénario qui rajoute une étape totalement inutile dans le plan totalement crétin des aliens pour... (roulement de tambour) envahir la terre.
Le film échoue aussi à installer une atmosphère de paranoïa permanente qui aurait pu lui être bénéfique. Si les Autres ont le pouvoir de se fondre dans la population, la construction de l'histoire ainsi que la tête de certains acteurs (Lève la main, Liev, on t'a reconnu) éventeront dès l'épisode de la base militaire les intentions des extra-terrestres, donnant ainsi plusieurs longueurs d'avance sur les personnages. Toutes ces maladresses mises bout à bout, ainsi que le cahier des charges pachydermiques de ce genre de productions torpillent tout bonnement cette 5ème Vague qui aurait pu être sympathique avec un scénario plus rigoureux et un point de vue qui n'aurait jamais dû quitter les basques de son héroïne, seul personnage un peu caractérisé et creusé, le seul digne d'intérêt. Le fait que Chloë Grace Moretz l'incarne n'y est peut être pas pour rien non plus. Les autres rôles qui gravitent autour d'elle sont au mieux anecdotiques et expédiés, au pire ridicules, comme Maika Monroe, totalement hors sujet et caricaturale.
La fin de La 5ème Vague poussera, elle, le spectateur à soupirer. Soupirer tout d'abord à l'idée qu'on nous promet, bien sûr, les sempiternelles suites, comme tout bon film-adapté-d'une-saga-pour-ado-qui-se-respecte, histoire de les faire passer plusieurs fois au tiroir caisse. Mais surtout, parce que La 5ème Vague résonne comme un bal des occasions manquées. Parce qu'il contenait en lui les germes de la critique de son propre système, celui de l'embrigadement (l'abrutissement) de la jeunesse, même malgré la castration manifeste du propos par les pontes de Sony. Mais à l'écran, le résultat est tout autre. On y voit en effet l'héroïne découvrir l'art de la galoche, renouer avec son béguin du lycée qu'elle croyait mort (Youpi ! Le triangle amoureux de la suite !) et surtout, finalement, crapahuter pour rendre son nounours à son petit frère qui l'avait oublié avant de monter dans un bus scolaire.
Faire un faux film de S.F. avec ce seul argument narratif dérisoire, j'sais pas pour vous, mais pour moi, ça fleure bon l'arnaque ou la paresse intellectuelle.
Behind_the_Mask, qui ne se laissera pas la faire à l'envers par les aliens et les studios hollywoodiens.