En préambule, il semble de tradition à une époque révolue du Japon, d'emmener les vieux de plus de 70 ans, en haut d'une montagne, pour qu'ils y meurent ... afin de pouvoir assurer la survie du reste de la famille en réduisant ainsi le nombre de bouches à nourrir...Mission ingrate qui doit être conduite par un des enfants … un cycle sans fin, un rocher de Sysiphe...
C'est dans un de ces villages de montagne hors du temps, d'une extrême pauvreté, peuplé de paysans, pour le moins abrupts, que Shohei Imamura nous emmène ici, le temps d'une immersion en apnée dans une vie sociale très inconfortable...où la notion de survie est essentielle.
Une expérience sociologique intéressante sur la condition humaine, parce que débarrassée des éléments parasites de la civilisation...
Le personnage essentiel de "la maison de la souche", incarné par la vieille Orin, a particulièrement retenu mon attention, un modèle d'humanité, de dignité, de force intérieure, de courage, d'esprit de sacrifice qui force notre admiration... la séquence de l'ascension sur la montagne, sur le dos de son fils, est sensationnelle en tout point et d'une rare émotion... c'est elle, Orin, dont la détermination est sans faille, qui souffle le courage à son fils, qui le stimule, qui lui rappelle aussi qu'il aura son tour... elle se veut un exemple... et les derniers moments de son corps en prières, convoité par les rapaces et abandonné au cimetière de squelettes à ciel ouvert, est d'une puissance percutante...
Le thème de la séparation, ici entre le fils et sa mère, est évoqué de manière magistrale, juste un plan silencieux et poignant...qui se passe de mots.
Dans ces décors aux couleurs chatoyantes et sauvages, le réalisateur a abouti un chef-d'oeuvre absolu, intemporel et sidérant de beauté sauvage.
Sont aussi évoqués dans cette fresque, les deux dimensions de base de l'humanité primitive, la faim et la sexualité : la quête essentielle du riz, des patates de la survie et l'antagonisme satisfaction/frustration sexuelle, sublimement illustrée en particulier par le personnage du "puant"...
Une relégation de l'homme au monde animal, comme, en ce moment les fauves lâchés dans les rues de France et qui m'empêchent de me concentrer..... ^^
Oooohhhhh le silence des cimes et de la "maison qui pleut", je t'invoque !!!