L'intrigue se déroule au cours du XIX ème siècle dans un petit village isolé situé dans les montagnes japonaises où la misère et la famine sévissent. Depuis des temps ancestraux, une croyance se perpétue dans cette communauté: à soixante-dix ans, la personne est considérée comme une charge et devient uniquement une bouche à nourrir. Elle doit alors être conduite au sommet de la montagne où, abandonnée de tous, elle se laissera mourir au milieu de ceux qui l'ont précédé. Dans la famille Orin, la vieille mère arrive au bout de son parcours. Elle se soumet à cet usage, se casse les dents et se prépare à ce dernier voyage qu'elle fera accompagnée de son fils.
C'est bien sûr un sujet terrible et bien réel qu'aborde avec un talent inouï Shohei Imamura. La vieille mère qui toute sa vie aura travaillé et cultivé la terre ingrate de ses montagnes se plie le plus naturellement du monde à cette loi qui rappelle la philosophie bouddhiste prônant, entre autre, le dépassement de soi-même. Aucune force, aucun pleur ne peut retenir cette femme qui, comme une fatalité, va faire don de son corps et de son âme à la terre afin que celle-ci perpétue la vie.
Le réalisateur s'attache à nous démontrer que, par ses croyances et ses coutumes,ce peuple rural, déshérité, mais volontaire et courageux ouvre la voie à la force et à l'existence. Ce film est donc un violent réquisitoire contre les pays à l'avant-garde de cette société contemporaine égoïste et injuste, qui sème la misère et la violence de par le monde. Il est certain que Shohei Imamoura a voulu par cette œuvre viser le Japon moderne, fer de lance de cette société déshumanisée. Doit-on le suivre à fond dans sa pensée? Personnellement, je ne le pense pas et je serai plus mesuré, mais le metteur en scène japonais est un écorché vif, il a voulu nous adresser un message fort et il y est parvenu. Son film est splendide, émouvant et envoûtant. En plus de son caractère accusateur, il ouvre un passionnant et utile débat sur notre propre avenir.
L'interprétation est absolument remarquable et contribue par sa sincérité et son naturel à rendre le propos du réalisateur crédible. En 1983, les festivaliers de Cannes ont décerné la plus haute récompense à ce film qui a eu le mérite de faire ressurgir avec ardeur une philosophie pour le moins audacieuse pour notre société.
Ce film a obtenu :
- La Palme d'or du Festival de Cannes 1983.