Ayant enregistré le documentaire « René Goscinny, notre oncle d’Armorique » passé sur Arte il y a deux semaines environ, je l’ai visionné hier soir et j’ai découvert que le père d’Astérix est le créateur de la bande dessiné pour enfants et pour adultes en France (notamment).
J’ai ensuite décidé de regarder en replay « Lucky Luke Daisy Town », le premier film animé réalisé par Goscinny. Ne le trouvant pas sur Gulli replay, je me suis décidé à regarder « La ballade des Dalton », le second et dernier long-métrage d’animation de Goscinny, que ce dernier ne verra jamais au cinéma.
Œuvre posthume : décédé en 1977.
L’autre réalisateur de « Lucky Luke, la ballade des Dalton » n’est autre que Morris.
Faisant la rencontre de Goscinny aux Etats-Unis durant l’aventure « Mad », le premier album de leur collaboration consacré à l’univers de Lucky Luke sera « Des rails sur la prairie » (1955). Ils travailleront ensemble jusqu’à la mort de René.
Et le mythe Lucky Luke de perdurer dans le temps grâce au génie de l’illustrateur Morris et de l’écrivain René, aujourd’hui tous les deux décédés. Paix à votre âme.
La première apparition de Lucky Luke date de 1946 dans le Journal de Spirou, sans l’aide du co-fondateur du Journal Pilote. Sa tenue (foulard rouge, chemise jaune, gilet noir) fait référence au drapeau belge (information glanée sur internet, les deux autres aussi).
Le premier film animé avec Lucky Luke en personnage principal s’appelle « Lucky Luke » et date de 1971. En 1983, il ressortira sous le nom de « Daisy Town ».
Arrive donc 1978 et « Lucky Luke, La Ballade des Dalton ».
Son scénario ne casse pas trois pattes à un vautour. Pardon, canard ! Car l’univers des Dalton, de Lucky Luke et de Rantanplan est connu de tous. Qui n’a jamais lu ou dévoré un « Lucky Luke » ? Personne.
Si les frères Dalton ont appris le décès de leur oncle, pour hériter, il faut tuer un à un le jury qui a pendu leur tonton. Et c’est sans compter sur l’ennemi des Dalton en la personne du héros du film.
C’est donc à partir de là que ça se corse. Kaï-kaï-kaï…
Si le scénario peut se mettre en place dans des cases et des bulles, dans le film nous avons droit à des parties chapitrées (pour l’assassinat de chaque personnage) qui nous entraînent dans les aventures de Joe, Jack, William et Averell Dalton dans un Far West où gags et anachronismes de René Goscinny sont visibles. Tout comme ceux de Morris (qui nous prouve son amour de la mise en scène par ces chapitres) et de Pierre Tchernia (narrateur des Astérix animés, il réalisa « Les gaspards », « Bonjour l’angoisse » …), l’ami de toujours. Gags, dialogues savoureux et références au cinéma sont donc de la partie (« La petite sirène » et « Chantons sous la pluie » pour le rêve des Dalton, entre autres).
Un déluge de gags donc qui tombent à pic et qui apporte parfois du sourire, parfois une toute petite rigolade.
Morris a donc compris son boulot : celui de mettre Goscinny en condition pour lui apporter le classicisme dont il avait besoin (tout le monde reconnaîtra l’ambiance westernienne voulu par ces deux garçons amoureux des grands espaces : les vautours, monument Valley, les chevaux au galop, les bars-saloons où la tricherie est de mise…).
Ce que l’on peut reprocher ? La mise en scène, beaucoup trop classique, et son montage, beaucoup trop découpé entre les parties (les séquences chapitrées pour chacune des personnes que les frères Dalton doivent tuer) mitonnés par nos deux compères. Dommage.
Le plaisir est néanmoins présent pour le doublage des personnages avec des voix familières et donc forcément inoubliables.
Goscinny, Daniel Ceccaldi, Rosy Varte, Gérard Hernandez, Pierre Tornade, Roger Carel et Henri Labussière font parler la poudre et tant mieux car leur voix résonnera à tout jamais dans nos mémoires. « C’est Joe qui l’a dit ». Merci à tous !
L’autre point positif, c’est la musique. Certes ce n’est pas du Morricone, mais l’ambiance western avec la country music dans les saloons, les bars ou les cavalcades à chevaux nous entraînent dans ce dessin animé de façon à ne pas nous endormir.
Le compositeur, Claude Bolling, n’est autre que le collaborateur attitré de Jacques Deray !: « Borsalino », « Trois hommes à abattre », « On ne meurt que deux fois » … . Merci Monsieur Bolling de vos partitions joyeuses et limpides !
D’autre part, la chanson principale, « La ballade des Dalton » est le refrain que l’on attendait tous. Eric Kristy (artiste aux multiples facettes : romancier, critique de cinéma, créateur de « Une femme d’honneur », scénariste pour « Julie Lescaut », « Alice Nevers », musicien…) nous transmet son peps par un flegme si flegmatique qu’on a envie de chanter et finalement s’évader de prison. C’est dire l’importance de cette chanson pour la qualité de ce film d’animation ! Merci Eric !
Même si l’animation c’est plus trop ça, les gags s’enchaînent, le refrain et la musique country également, « Lucky Luke, La Ballade des Dalton » restera un très bon film de l’animation française qui fait vraiment ‘cheap’ aujourd’hui mais qui donnera du baume au cœur aux enfants de 7 à 77 ans.
Un petit film culte à regarder en mémoire de Goscinny et Morris.
4 étoiles sur 10.
Spectateurs, tirez plus vite que votre ombre !