Jeune femme issue d'un milieu modeste, ayant connu l'opprobre de la société du fait de son homosexualité, Emma Eckert se hisse en haut du monde de la finance. Son programme économique rivalise avec tous ses concurrents tandis que son volet démocratique, voire populiste, lui fait gagner le soutien des petites gens. Adorée du peuple autant qu'elle est haïe par les banquiers, ceux-ci n'auront de cesse de vouloir la faire tomber.
"La Banquière" est un condensé des relations de pouvoir qui se cristallisent autour du genre, de la sexualité et qui sont au carrefour de la finance, de la politique et des médias. Si la première partie du film sert à poser le contexte, avec ses mécanismes de pouvoir, elle reste très pesante et sombre. La seconde partie, plus dynamique et digeste, est teintée de romantisme. Pour incarner Emma Eckhert, banquière brillante, intelligente et jusqu'au-boutiste en affaires comme en amour, Romy Schneider excelle. Elle donne une qualité tout à la fois pleine de maturité et de fraîcheur au personnage. Un personnage passionné, adulé du public, d'une force extérieure cachant une fracture profonde. Ainsi, peut-être que le personnage complexe de Emma touche encore plus du fait qu'il sied drôlement bien à l'actrice qui l'incarne. Néanmoins, Emma n'est pas lavée de tout soupçon. Elle sait disposer de son pouvoir comme de ses proches collaborateurs et distribuer les récompenses pour sceller les allégeances.
Tourné en 1980 et se passant dans la France des années 1920s, le film dépeint un monde financier tout à fait révolu. Néanmoins, son avant-gardisme certain lui fait garder une certaine actualité, ou plutôt intemporalité du propos.