Ce rôle de restaurateur pied-noir, tout exprès écrit pour lui, va évidmment comme un gant à Roger Hanin. Aimé Prado est un personnage ambivalent, avec d'un côté une exubérance et une truculence toute méditéranéennes, des souffrances intimes qui le rendent attachant, mais de l'autre un caractère possessif, une arrogance de parvenu et un racisme revanchard qui font aussi de lui un type détestable.
Jean Valère le met en scène dans une intrigue faiblarde -de telle façon que le film tourne un peu trop au numéro d'acteur- consacrée à la relation entre Prado et Julien, jeune homme mystérieux qui vient de lui sauver la vie. Le réalisateur se borne à explorer le rapport entre les deux hommes, entre l'expansif et l'introverti. La gratitude envahissante de Prado et son paternalisme rencontre cependant l'impassibilité de Julien.
Le récital de Roger Hanin est "spectaculaire" mais ne masque pas l'insuffisance du scénario, n'occulte pas non plus la trop grande simplicité des portraits, plutôt artificiels, inaboutis en tout cas. Entre humour et gravité, le cinéaste se consacre trop exclusivement à une relation qui, par manque de sensibilité et d'inspiration, ne constitue pas un sujet vraiment fort ou poignant.