Incroyable de constater le contraste entre le relatif anonymat de ce film en France et son statut culte de part le monde.
La première grande force du film, celle qui en a fait cet objet politique si particulier, inspirant autant la branche armée du black panther party que les états majors américains dans des guerres bien plus récentes, réside en sa constante volonté de tendre à l'objectivité.
Il n'est pas nécessaire de dire que Gillo Pontecorvo penche finalement d'un coté plus que de l'autre, le choix du sujet parlant de lui même, mais il l'aborde plus en tant qu'héraut d'une décolonisation allant dans le sens de l'histoire que d'un point de vue strictement partisan. Le FLN n'est ainsi pas résumé à un héroïsme fantasmé ou à l'abnégation de ses membres, et la cécité meurtrière de bombes n'est jamais occultée. De même que les paras, en particulier le colonel Mathieu, ne sont pas diabolisés mais dépeints comme ce qu'ils sont : des militaires, avec des ordres et des moyens, aussi indéfendables soient-ils, d'y obéir.
La seconde qualité essentielle du métrage est cette mise en scène sobre, à l'image à la fois léchée et terriblement proche de ce qu'il nous montre à voir, et ce n'est qu'en se renseignant sur le film (les bonus du dvd, mais aussi ici : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/affaires-sensibles/affaires-sensibles-du-jeudi-01-decembre-2022-9454813) que l'on fini par comprendre que non, il n'est pas truffé d'images d'archive, tout est reconstitué, mais certaines terreurs et insurrections sont plus vraies que nature.