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Je ne suis pas historien, loin de là, mais je ne peux pas dire que la description des prémices de l'indépendance de l'Algérie soit ici au poil et que ce soit vraiment du cinéma de guerre sérieusement solide même si ça y ressemble. Je ne connais pas Pontecorvo qui a manifestement une approche personnelle de la réalisation mais on sent quand même poindre les 70s italiennes bien violentes. Par instant, j'ai même pensé à Racket de Castellari, c'est dire. Racket, c'est de l'exploitation pur jus, or ici est vantée une approche documentaire caméra à l'épaule, noir et blanc saturé, qui se veut une reconstitution exacte et réaliste des faits. C'est en effet réaliste et assez prenant de découvrir ce contexte avec des images d'Alger tournées quatre ans après les faits et une population encore visiblement galvanisée. En attendant, on peut résumer l'ensemble du propos à une escalade de violence ininterrompue où la réflexion et l'exposition se réduisent aux quelques passages où les grosses pointures parlent, le Lieutenant Colonel Mathieu et les responsables du FLN. Le reste du temps ce n'est que montées de violence. Ça commence par une demi-heure d'attentats qui se poursuivent par une autre demi-heure d'attentats à la bombe exécutés par les femmes cette fois. Pourquoi pas, les méthodes sont détaillées sans prendre parti, mais pour un sujet aussi sensible, ça me semble déplacé et même quelque peu racoleur, même sous les meilleures intentions neutres du monde. La seconde partie se concentre sur l'action des parachutistes, leurs "investigations" pour remonter la pyramide du réseau. Il y a de très bonnes choses, des acteurs algériens motivés et quelques scènes marquantes mais les explications, les personnages, le contexte, et quelques mises au point, sont pour le moins succincts à côté de ces images balancées violemment en pâture. Ils ne sont pas contents, ils se révoltent, ils sont violents parce qu'on est violent avec eux, voici les méthodes qui étaient utilisées des deux côtés, c'est bon, on a compris, on pourrait peut-être développer un peu plus vu le sujet au lieu de faire rouler les tambours pour la énième fois. En même temps, c'est sorti alors que rien n'était digéré ni même connu de la sorte donc ça se défend mais tout de même. Il aurait peut-être mieux valu se concentrer sur une période plus courte mais développée plus en profondeur plutôt que de balayer plusieurs années en quelques explosions.

Ce qui fait que la dernière scène pourtant légitime et ancrée dans l'histoire m'a semblé complètement surfaite. Montrer ce désir d'indépendance par une suite de réponses à une répression en caricaturant légèrement mais systématiquement les français (il n'y a que Mathieu qui parle sérieusement ou presque) mais aussi les algériens, et en axant presque exclusivement sur le sentiment de vengeance, ça me va moyen pour un film qui se veut si documenté sur une période à ne surtout pas prendre à la légère.

C'est un film très sensoriel qui se vit facilement un peu à la manière de Requiem pour un massacre et je serais ok pour le 8 si il n'y avait pas cette légère odeur d'exploitation 70's italienne pas du tout à sa place pour une approche documentaire exhaustive nécessaire à un sujet aussi complexe. Et encore, j'étais parti sur 6... Bon, le 7 est légitime. La réalisation est très accrocheuse mais je trouve le propos réducteur. Envoyez les tomates...
drélium
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le 19 nov. 2013

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drélium

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