Comme le titre l’indique, le sujet est le film « La bataille d’Alger » (1966) de l’italien Gillo Pontecorvo ; il a obtenu le Lion d’Or à la Mostra de Venise en 1966, 4 ans après la fin de la guerre d’Algérie. Il était en compétition, entre autres, avec « Fahrenheit 451 » de François Truffaut et « Au hasard Balthazar » de Robert Bresson. La bataille d’Alger se déroule en 1957 où intervient le général Jacques Massu, commandant la 10e division de parachutistes (à laquelle participe aussi le colonel Marcel Bigeard) pour réprimer (en justifiant l’usage de la torture) et lutter contre les indépendantistes du F.L.N. (Front de Libération Nationale), à l’origine de nombreux attentats et d’une grève générale de 8 jours en janvier 1957. Le film (2 h) est en 2 parties ; la 1ère raconte les circonstances de sa genèse et de son tournage. Yacef Saâdi, ancien chef du F.L.N. pendant la bataille d’Alger (il a dû se rendre aux militaires français, avant d’être condamné à mort puis gracié par le général de Gaulle en 1959), est devenu producteur de cinéma (Casbah Films) sous la présidence d’Ahmed Ben Bella ; il propose un scénario, tiré de ses souvenirs, à Gillo Pontecorvo. Le scénario est adapté par Franco SOLINAS qui avait déjà travaillé pour Pontecorvo [« Un dénommé Squarzio » (1957) et « Kapò » (1960)]. Le 1er président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella a fait verser 400 000 millions de dinars à la production. Le tournage a duré 8 mois à Alger. Yacef Saâdi joue même son propre rôle (pour lequel le réalisateur pensait d’abord à Paul Newman !). L’autre personnage principal est Ali La Pointe, proxénète qui rencontre Yacef Saâdi et meurt, à 27 ans, suite à l’explosion de sa planque le 8 octobre 1957. Le 19 juin 1965, le président Ben Bella est arrêté suite au putsch du ministre de la Défense, Houari Boumediene (les chars présents à Alger donnaient l’illusion de participer au tournage du film) qui devient alors président du conseil de la Révolution. Abdelaziz Bouteflika, alors ministre des affaires étrangères (auquel Ben Bella vient de retirer son portefeuilles) et qui a participé au coup d’état, considère que « c’est la Révolution qui continue ». La 2nde partie raconte le devenir du film dans le monde. Il est interdit en France jusqu’en 1971 et sera peu diffusé [par peur de manifestations d’anciens combattants ou de l’extrême-droite (cf. explosion d’une bombe au cinéma Saint-Séverin à Paris en 1981)] jusqu’en 2004. Par contre, il a été projeté partout dans le monde, notamment en Afrique après la décolonisation ainsi qu’en Amérique du sud et en Algérie, pays qui alimente les mouvements révolutionnaires (cf. visite d’Elridge Cleaver, membre important des « Black Panthers » à Alger). De même, les pro-palestiniens projettent le film aux Etats-Unis après la guerre des 6 jours (juin 1967). Lors de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis, le Pentagone estimait que « c’était verser de l’essence sur des braises », se référant au film qui raconte, de façon documentaire, une guérilla urbaine de l’intérieur et le montrant aux officiers américains.