La Bataille de Culloden par Alligator
août 2011:
Après avoir revu récemment "La bombe" de Watkins, je découvre ce film bâti sur le même canevas formel ; en faux documentaire, on assiste à la bataille de Culloden où une coalition de clans écossais highlanders a été défaite, puis salement réprimée par une armée anglaise alliée à des écossais lowlanders.
L'aspect "reportage télé" est tout aussi manifeste, avec quelques encarts d'illustration notamment pour le schéma tactique de la bataille. Peter Watkins n'ayant pas un budget sur-dimensionné utilise de nombreux artifices pour raconter cette bataille (gros plans, fumées, etc.) mais le résultat est tout de même réaliste. Toujours cette ambition de coller au plus près de la réalité, même la plus glauque, la plus spectaculairement dégoûtante.
Comme dans "La bombe", ce qui semble intéresser au plus haut point le cinéaste, c'est la souffrance, les conséquences catastrophiques des décisions politiques prises au plus haut sommet de l'État. Ici, il montre d'abord comment la bêtise, l'aveuglement illuminé du crédule Charles Edward Stuart (Olivier Espitalier-Noel) jumelés à la mésentente suicidaire de sa hiérarchie militaire ont livré des milliers de paysans -enrôlés parfois de force- à la boucherie, puis ensuite comment le racisme et la peur que suscitait l'aura guerrière des highlanders ont entrainé une explosion de violences à leur encontre, engendrant une sorte de génocide jusque dans les populations civiles.
Le discours de Watkins par la voix-off et la mise en scène, même s'il est de parti pris et très marqué n'en est pas moins impartial, non, le terme n'est pas juste, disons plutôt qu'il parvient à porter un regard critique sur des deux partis. Mais il est vrai que les conséquences plus tragiques du côté des highlanders et la barbarie anglaise sur les civils et les soldats blessés ou mourants le portent davantage à afficher une empathie à l'encontre des victimes.
Le traitement de ce fait historique à la manière d'un évènement actuel, ultra réaliste est très spectaculaire. Le visionnage n'est pas aussi facile qu'il y parait. C'était encore plus le cas avec "La bombe" : Watkins fait peu de concessions et le spectateur est confronté directement au récit sans grand recul.
Une bien efficace illustration de la connerie humaine pour faire simple et direct.