Ce n'est pas inintéressant ni même laid juste déjà vu. Parce qu'on se retrouve face à un film de guerre, on doit s'attendre à deux choses, une réflexion et/ou une émotion.
_ Une réflexion sur la barbarie humaine, les affres du conflit, l'héroïsme, l'orgueil des gradés ou encore un discours de paix. Que sais-je ?
Ce film ne parvient jamais à installer une idée nouvelle, à créer chez le spectateur une vision originale de la guerre. Tout a déjà été vu ailleurs et en mieux. Vous voulez un film sur les violences faites sur des civils, regardez Requiem pour un massacre. Vous voulez un film sur le conflit hiérarchique, regardez Les sentiers de la gloire. Vous voulez un film sur l'horreur physique et mentale qu'induit la guerre, regardez La ligne rouge. J'en passe et des meilleurs.
_Une émotion, soyons triste, soyons joyeux, soyons terrifié, etc.
Ici encore le film à défaut de nous apprendre quelque chose n'aboutit jamais à susciter une émotion. On n'a aucune empathie pour les personnages, surement à cause du format du récit (obligé de suivre trois protagonistes). La jeune civile qui s'engage dans la résistance, qui tire toujours la même tête qu'elle apprenne le décès de son cadet ou qu'elle soit sur le point de se faire violer. Le soldat anglais, davantage le héro stakhanoviste de la RAF plus qu'un être humain tant il est débordant de courage et de pragmatisme. Puis le rescapé du front russe, l'épargné de la débâcle qui semble se questionner tout le film sur le bien et le mal.
En somme :
Un sous Dunkerque sans rythme et tension. Un sous Il faut sauver le soldat Ryan pour les scènes de violence crues et l’interaction entre soldats (le débarquement filmé par Spielberg reste l'un des plans les plus violents à propos de 39-45, le film aurait d'ailleurs pu s'arrêter là). Un sous Inglorious Basterds car on se prend au sérieux du coup on s'épargne des scènes d'actions jouissives ou des héros/vilains ultra caricaturaux. Un sous 1917 pour les sensations de combat de ville et l'utilisation de la lumière.
Il va de soi que la majorité des films cités sont tous des parodies de guerre, des mises en lumière plus ou moins réalistes d'évènements qui ne peuvent constituer une image véridique de ce qu'était la vie d'un soldat ou d'un civil. Pour autant, le film souffre de la comparaison avec ses prédécesseurs et par conséquent paraît formellement terne.
A noter que si je devais sauver une chose du film, ce sont ses plans larges de côté (je m'excuse je n'ai pas le terme exact, comme dans le Septième sceau à la fin où les personnages dansent avec la mort sur la colline) où l'on aperçoit les soldats marcher avec en arrière plan le ciel ou un paysage.