Un film de guerre intéressant par certains aspects formels, mais trop inégal et dénué d'enjeux.
J'avoue qu'il n'est pas dans mes habitudes de regarder des films Yougoslaves des années 60. Mais, étant tombé sur un extrait sur Youtube, le film a attisé ma curiosité. Des scènes de guerre assez puissantes, et un casting intéressant, avec Orson Welles, et surtout Yul Brynner, acteur dont le mysticisme l'entourant me fascine. On pourrait être assez rapidement inquiété par l'apparence "cheap" que pourrait donner un film de guerre Yougoslave... Mais non.
Honnêtement, le film n'est pas trop mal. Le contexte historique, peu souvent exploité, est intéressant, bien qu'approché vraiment en superficialité dans le film. L'essentiel du film s'articule autour des scènes de guerre, qui sont quand même plutôt bien fichues. Ça explose, et vraiment pas qu'un peu. Des dizaines de véhicules, des centaines de figurants, de la pyrotechnie un peu partout... Une époque bénie pour les films de ce genre où on ne reculait devant rien. Mais là où ça devient intéressant, c'est ce qui le différencie un peu des cadors d'Hollywood : la guerre est plutôt sale, poussiéreuse, extrêmement bruyante et surtout, bordélique à souhait. Un aspect qu'on ne retrouve pas toujours dans toutes les productions d'époque (sachant que la même année sortait Quand les Aigles Attaquent, c'est quand même une vision radicalement différente du conflit, même dans les scènes d'action). Je me suis surpris moi-même à penser qu'on tenait-là, sous certains aspects, un Croix de Fer avant l'heure. Je pense d'ailleurs fermement que c'est (entre autre) dans ce film que Peckinpah est allé chercher son approche terne et poussiéreuse du conflit.
L'avant-gardisme dans la conception des scènes de combat, c'est le point fort du film. La réalisation est inégale, propose parfois des choses sympas, mais reste la plupart du temps assez aléatoire dans la conception de son découpage. On finit par rapidement être perdu et ne plus savoir qui tire sur quoi, alors que pourtant les positions des camps sont définies. En dehors des scènes de combat, l'écriture ne propose rien de très spécial, si ce n'est des personnages peu intéressants interprétés par des acteurs qui n'en ont passablement rien à foutre. A noter un Orson Welles sacrément grotesque. Je m'abstiendrais de parler de la photo, car si j'ai apprécié ce côté sale, poussiéreux, j'ai difficilement pu juger le reste dans la mesure où ma version provenait sans doute d'un enregistrement VHS assez dégueulasse, qui ne rendait pas justice aux couleurs claires du film et les rendait quasiment illisibles.
Tant que nous parlons de "version" : n'ayant pas réussi à trouver une version Yougoslave (donc originale) sous-titrée en Anglais ou en Français, je me suis rabattu sur la version doublée en Anglais. La différence est que cette version propose une musique composée par Bernard Hermann, qui n'est pas le compositeur original du film. Bon, musique un peu anecdotique, assez formatée pour finalement rapprocher le film des standards US... Mais bon, ça passe.
On en retient un film intéressant dans sa volonté d'exposer le conflit, mais qui s'avère un peu limité. Les connaisseurs comme moi pourront toujours s'amuser à constater l'aspect "bricolé" du film, qui n'hésite pas à recycler du matériel de guerre soviétique en chars ou avions Allemands, moyennant un coup de peinture et deux bricoles rajoutées. Bon, on fait comme on peut, et je salue quand même l'effort fait pour offrir au spectateur un conflit grandeur nature, parfois assez impressionnant, notamment pour 1969. Finalement, on pourra donc penser que c'est 8 ans plus tard que Sam Peckinpah complètera un peu la lancée de ce film.