Archétype de cette période où les studios hollywoodiens produisaient des westerns à la chaîne, La bataille de Rogue River n’apparaît être qu’un n-ième film du genre, déterré de la poussière grâce à la collection « Westerns de Légende ».
Le long métrage – d’à peine 1h10 – est réalisé par William Castle, réalisateur avec au compteur plus de 45 films dont dix westerns, et tombé aujourd’hui dans l’oubli total. La plupart de ses films sont inédits en France, et la grande majorité (dont La bataille de Rogue River) n’ont même pas suffisamment de notes sur SensCritique pour qu’une moyenne soit calculée. C’est dire.
Le bonhomme excella davantage dans le genre du film d’horreur, ses réalisations les plus connues (restons modestes tout de même) sont Le désosseur et La nuit de tous les mystères. Ce film est d’ailleurs davantage connu pour les scénographies installées lors de ses projections que pour sa valeur cinématographique intrinsèque : à la sortie du film, William Castle fit accrocher des squelettes en plastique au plafond des salles qui le projetaient, plastique qu'il faisait fondre sur les spectateurs aux moments les plus horrifiques... De la 4DX avant l’heure, en somme !
L’histoire se déroule au milieu du XIXe siècle en Oregon, et débute par l’arrivée du Major Frank Archer (incarné par George Montgomery), commandant droit dans ses bottes, envoyé dans un fort de tuniques bleues avec pour mission de pacifier les relations avec les Indiens qui terrorisent les alentours. Seule cette paix permettra à l’Oregon de devenir Etat membre des Etats-Unis d'Amérique. Cependant, certains cow-boys voient d’un très mauvais œil la pacification de la région et vont tout faire pour empêcher la trêve.
L’intrigue est donc tout ce qu’il y a de plus classique, mettant en confrontation un bataillon de cavalerie, accompagné d’une nouvelle arme redoutable – des canons ; et une tribu d’Indiens avec à leur tête le vaillant Chief Mike.
Si l’on passe globalement un assez bon moment devant La bataille de Rogue River, ce western n’est pas pour autant un grand chef d’œuvre. Tout fait cheap, dès les premières plans (le film s’ouvre sur un pré-générique qui n’est autre que des images tirées d’un autre western, Warpath de Byron Haskin) : les décors ne sont jamais de grands espaces, les scènes d’intérieurs crient au studio. Les scènes de batailles limitent le nombre de figurants et suintent la chorégraphie mal organisée. Même la rivière, qui donne son titre au film, n’est finalement qu’un petit ruisseau qui fait office de pédiluve pour les chevaux.
La mise en scène de William Castle est également très scolaire. Elle n’est pas risible, loin de là, mais ne dégage aucun talent ou coup de génie non plus. Les rôles secondaires enfin, en particulier celui de la seule femme du western, incarnée par Martha Hyer, sont également tristement anecdotiques (la tagline de l'affiche me fait à ce propos doucement rire : "fight to the death... while a woman waits"). Décidemment, les compétences marketing de William Castle surpassent ses talents cinématographiques !
Bref, La bataille de Rogue River est un western de série B, sans grande originalité bien qu’il ne soit pas non plus déplaisant. Un film moyen, avec une note moyenne.