Michael Powell et Emeric Pressburger m’avaient pas mal impressionné avec leur Colonel Blimp. C’est avec un certain enthousiasme que j’avais envie de découvrir La Bataille du Rio de la Plata. Puis c’est connu, j’aime bien les films de guerre. Néanmoins, j’ai été un peu déçu par celui-ci, notamment parce que je trouve qu’il a le cul entre deux chaises. Je m’explique.
Dans un premier temps, le film se présente simplement sous la forme d’une sorte de fresque guerrière narrée par un capitaine britannique fait prisonnier à bord d’un navire allemand. Belle esthétique, c’est plutôt bien réalisé, parfois impressionnant même, l’interprétation est classieuse… Autant dire que le film commence bien. On comprend assez rapidement que l’enjeu du film va se situer dans une bataille décisive pour le navire allemand (d’où le titre du film, merci captain Obvious). Mais c’est là que le film se perd. Il devient alors une sorte de chronique journalistique/politique à propos de la bataille qui va justement éclater. Ça n’est pas dénué d’intérêt, au contraire même, ça recèle de choses très bonnes, mais ça contraste complètement (et pas en bien) avec le reste du film en terme de point de vue. En fait, on est un peu perdu, on ne sait plus vraiment à quoi se raccrocher, et ce, quasiment jusqu’à la fin. Le film aura pu être génial s’il adoptait dès le début et plus clairement cette optique, au lieu d’avoir cette nature un peu chimérique.
C’est aussi sur certains points de mise en scène que ma déception se porte. J’attendais du haut niveau avec ce duo de réalisateurs. Le grand paradoxe du film, c’est que parfois la réalisation est poussée assez loin avec pas mal de gueule : on pourrait aisément se tromper sur l’âge du film. Le problème, c’est que ça n’est pas constant. Il y a parfois des effets douteux et les batailles navales sont un brin confuses. Si je tire mon chapeau pour avoir réussi à faire tourner de vrais bateaux, je regrette néanmoins la sous-utilisation des effets spéciaux, notamment des maquettes, qui auraient permis de rendre l’action un brin plus claire. Car bon, à plus d’une reprise, je ne comprenais même plus qui tirait sur qui tant les points de vue dans le film sont confus.
Pour être franc, j’attendais en réalité un film comme La Bataille d’Angleterre, une fresque guerrière épique mais avec des bateaux. Un peu rudimentaire comme attente me direz-vous, mais qu’importe. Au final, nous avons un film qui est loin d’être dénué d’intelligence, mais qui justement s’y perd. A voir tout de même car il demeure parfois impressionnant par a vaste ambition et son esthétique totalement maitrisée. Et puis ça permet de découvrir Christopher Lee dans le rôle d’un certain Manolo. Improbable.