Film découvert voici quelques années dans son jus, avant qu'il ne soit disponible en français. Je m'intéresse au cinéma de l'enfance et aux films des anciens pays de l'orbe soviétique. J'ai été complètement schtroumpfé par ce cinéma inattendu et lumineux, d'autant plus que la fillette a dans le film l'âge que j'avais moi-même à cette époque, mais du bon (mauvais ?) côté du Mur, dans une Belgique pas trop sexy quand même. Ce film est un bijou dans un écrin d'éternité.
Pour ceux qui s'en inquiètent, Inga Mickyte avait déjà joué l'année précédente dans un autre film de Žebriunas, Mirtis ir vyšnios medis (La mort et le cerisier, que j'ai traduit), qui est aussi une fable enfantine poétique (deux fillettes, un garçon, aucun adulte) dans un décor de plage et de bunkers désaffectés, où Inga porte déjà cette petite robe à pois récurrente chez le réalisateur, puisque déjà utilisée en 1959 pour vêtir la charmante Živilė Jakelaitytė dans le film à sketches Gyvieji didvyriai (Héros vivants), et précisément le volet Paskutinis šūvis (Le dernier coup) tourné par Žebriunas, où l'opérateur de talent Jonas Gricius était déjà avec sa belle lumière maritime, et Bronius Babkauskas, acteur que l'on retrouvera en 64 dans La jeune fille à l'écho. Après La Belle, on retrouvera une dernière fois Inga en 72 dans un film letton d'aventure d'Ara Neretniece, Kapteinis Džeks. Aucun de ces films n'est disponible en français, et le dernier est dispensable (sauf pour les amoureux de la petite Inga), contrairement à ceux de Žebriunas, génie modeste et méconnu. J'espère que l'on pourra disposer bientôt de versions restaurées et traduites de Gyvieji didvyriai (le manifeste du nouveau cinéma lituanien) et de Mirtis ir vyšnios medis.